TOURMENTS DE CEUX QUI FONT SONNETS JE N’AI



Tourments de ceux qui font sonnets je n’ai
Je connais bien leurs règles que j’applique
ou pas Quant au public je n’en ai pas
Ou si peu que peu me chaut de lui complaire

Écrivant méditant je ne cherche rien d’autre
Que la surprise l’éclair le trait le clou
Qui déchirent l’espace ma page qui font coucou
à Protée à Orphée et qui se rient de nous

Ainsi en ce moment couché sur l’herbelette
fictive de mon poème J’ouïs le rossignol 
et l’alouette qui jargonnent fredonnent
leurs hymnes langoureux mêlés à leurs plaintes
d’être non écoutés par leur ingrate maîtresse
qui préfère dormir paresser… ignorer leurs prouesses

avec Ronsard (Continuation des Amours)


PICASSO RUIZ LE ROSSIGNOL





Maintenant on est dans Picasso

Nez tordu bouche cousue statue nègre

Femme nue de dos assise au bras levé

Un bras d’honneur à la peinture académique





Picasso le nom de sa mère

-Qui signa un temps Ruiz

ruiseñor rossignol de mes amours-

nous assied dans une chaise cannée

par des guitares sèches

et des journaux d’avant la guerre

la boucherie des bœufs saignant

pendus au clou par Soutine





Papiers collés et déchirés

Ça fait un bruit sec

Mais les enfants qu’on amène au musée

en bande désorganisée

Ça les fait rire ça les fait se marrer





On n’est pas sérieux quand on a sept ans

Devant les coups de pinceau de l’ami Picasso





Picasso sur la plage 07/03/2021
le même dessin mais pas à la même heure
dessin au roseau de Camarde

L’AUTRE DORIO

Ça vient parfois de l’Autre Dorio

Comme disait Borges

On glosera sur ce dernier des siècles durant

L’autre restera un inconnu de son vivant

Comme ce poète anonyme que consigna Borges

Et dont toute l’œuvre – prétendait-il – se réduisait à deux vers :

Il avait ouï une nuit

Le chant d’un rossignol…

Un rossignol nommé Borges