MON CARNET EN PAPIER KRAFT et sa page 386

Mon crâne Vanité que j’imagine mangeant le livre de ma vie 
Mon alcool doux comme une épingle de nourrice
Mon chant de l’alouette sur la Terre de Feu
Ma mémoire d’éléphant rongée par la petite souris des sables
Ma cellule de base qui bat dans la nuit noire
Ma voix que tu ne voies plus un linge blanc fermant ta bouche
Mon carnet de houx vert et de bruyère en pleurs

TOURMENTS DE CEUX QUI FONT SONNETS JE N’AI



Tourments de ceux qui font sonnets je n’ai
Je connais bien leurs règles que j’applique
ou pas Quant au public je n’en ai pas
Ou si peu que peu me chaut de lui complaire

Écrivant méditant je ne cherche rien d’autre
Que la surprise l’éclair le trait le clou
Qui déchirent l’espace ma page qui font coucou
à Protée à Orphée et qui se rient de nous

Ainsi en ce moment couché sur l’herbelette
fictive de mon poème J’ouïs le rossignol 
et l’alouette qui jargonnent fredonnent
leurs hymnes langoureux mêlés à leurs plaintes
d’être non écoutés par leur ingrate maîtresse
qui préfère dormir paresser… ignorer leurs prouesses

avec Ronsard (Continuation des Amours)


L’ALOUETTE ET LE FUSIL

Can vei la lauzeta mover
De joi sas alas contra’l rai
Que s’oblid’ e’s laissa chazer
Per la doussor c’al cor li vai

Bernard de Ventadour 

Tenant à peine debout
Dans le jour qui ne parvient pas
À se lever
Tenant à peine debout
Mais suivant les appels
De la petite déesse lauzeta
L’alouette inscrite
Dans la plus haute des poésies
Occitane
Celle qui s’élance illuminée de joie
Contra’l rai
Dans les rayons du soleil qui moussent
Et font battre les ailes
De l’oiseau de Ventadour
Puis hésitante, étourdie, s’oubliant, en suspens
– on ne saurait dire –
Elle fait entendre alors ce chant unique
Qui fond de désir et de douceur…

Avant qu’un fusil ne vienne l’abattre !


*

Quand je vois l’alouette mouvoir
De joie ses ailes de soleil
Puis s’oublie et se laisse choir
Tant la douceur au cœur lui vient
(une de mes traductions)




DANS LE HAMAC 23 VERS PAR RACCROC





Brisez les cadres avant que les cadres ne vous brisent !

Gaston Bachelard





Babil Babel Soleil naissant

Quand l’Alouette

De joie s’oublie aux rais

Puis plombée par un méchant chasseur

Va tomber dans la poussière de l’azur





Les faux beaux jours ont fui

O ma chère pauvre âme

On dirait du Verlaine

Mais c’est du seul Dorio

Se balançant

Dans son hamac tissé de mythes

Et de poèmes de hasard





Dans ce lieu de Provence maritime

Où le vent ce matin

Lui dicte ces vers par raccroc





Profitez de chansons

Quand Amour est présent

Profitez de la pomme

Jusqu’au dernier pépin





La première mésange

Joue sur l’abricotier

La vie est éphémère

On n’y voit que du bleu

hamac des mythes et des vers par raccroc

BEAUCOUP DE GRAINS À MOUDRE





7





Beaucoup de grains à moudre

Dans le vide du Corona

Même la gorge close

Beaucoup de vers en perce





Beaucoup de zéros à pointer

Au soleil qui se vient haussant

Où l’alouette du troubadour

S’enivre et puis s’oublie

Tant la douceur au cœur lui va





Beaucoup de chant que l’on grignote

Soutenu par les cordes du piano

À plein midi à douce voix

Beaucoup d’esprit en nos écrits





Beaucoup de graines à sortir

De nos greniers ès poésies

Les sots ont peur claquent des dents

Leur vie obscure n’est que ratures





Beaucoup de pain à sortir du fournil

Craquant sentant les poutres enfumées

Et les grillons des Effarés

Beaucoup de joie que nul ne voit

À partager





citations :

Jacques Pelletier du Mans Bernard de Ventadour Arthur Rimbaud