JE ME PERDS DANS LES MOTS

Je me perds dans mes vers
à l’endroit à l’envers
Je me perds sur la page
de mes mille poèmes
Je me perds dans la prose
et sa langue de bois
Je me perds dans la neige
quand elle colle aux arbres
Je me perds dans mes mots
cédant la place aux maux
Je me perds dans mes rêves
et le vol des vanneaux
Je me perds dans le temps
perdu de Marcel Proust
Je me perds dans l’autan
son coup de vent soudaine
Je me perds dans les votes
de Français insensés
Trouverai-je lecteurs qui auront lu mes pensées ?

JE ME PERDS DANS MA PAGE

JE ME PERDS DANS LA PAGE des partis pris de Ponge de l’huître au gosier de nacre et de son obsession pour la tiare bâtarde Je me perds dans Michaux Cloué au lit par une méchante fracture me voilà inventant toute une cavalerie qui passe après la bataille Je me perds dans l’ange sombre de la Melancholia d’Albert Dürer mélas : noir kholè : bile Obscurités non obscures Je me perds dans l’éternité retrouvée la mer allée avec le soleil le pavé disjoint de la cour de l’hôtel de Guermantes Je me perds pour mieux me retrouver dans les pages de Ponge faisant face avec Michaux à ce qui se dérobe le soleil noir de la mélancolie l’éternité de Rimbaud la vocation révélée au narrateur de la Recherche

je me perds dans cette autre page signée : « le Banni de Liesse »

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi