L’INSTINCT DE POÉSIE

J’entends le vent du sud avec de fortes ailes

Un poème dans la nuit fait un geste

Je ne me suis jamais dit poète mais j’ai gardé l’instinct de poésie en consacrant au moins un instant quotidien à l’écriture d’un poème

Je suis chaque fois, comme à présent, au pied du mur, au bord du vide, cherchant voie et voix, rimes et rythme, me  remémorant certains vers appris par cœur depuis l’école communale

Attendant, hésitant, puis lâchant les chiens sur les traces d’une ballade, d’un sonnet ou d’une forme indéterminée que j’abandonne  à la fin sur le papier, puis sur le blog, de guerre lasse

UN NOUVEAU POÈME

J’hésite au seuil de ce nouveau poème

J’essaie les voix d’un chant fragile

Des images des paroles plus ou moins pures

J’écris je lâche les chevaux de la littérature

Ou symboliquement l’âne de la psychanalyse

Je noue le verbe d’un moi multiple

Avec le monde qui me tracasse

et à la limite me déchire

Mais il faut tenir il ne s’agit pas

De se défaire entre les lignes

De gâcher le travail du poème

Qui maintenant s’est écrit peu ou prou

Illusion créatrice ou commencement

qui n’en finit pas de nous étonner

UNE VOIX QUI NOUS SOUFFLE QU’IL FAUT CONTINUER

DES VOIX

Ainsi, qu’il laisse un nom ou devienne anonyme, qu’il ajoute un terme au langage ou qu’il s’éteigne dans un soupir, de toute façon le poète disparaît, trahi par son propre murmure et rien ne reste après lui qu’une voix, -sans personne. Jean Tardieu

1

La voix, il suffit qu’on l’écrive, pour qu’elle se mette à exister.

Une voix perdue, mais qui en douce, remue et entraîne notre plume

Une voix retrouvée et qui prend la forme…qui nous reste habituellement invisible, celle du Temps.

Une voix venue d’Homère, le Père du Grand Récit : Conte-moi Muse l’aventure de l’Inventif

Une voix qui parle d’abord au papier avant d’être libérée par l’inflexion des voix chères qui se sont tues

Une voix dont le souvenir à la couleur du sable qui s’écoule grain à grain

Une voix sans personne qu’affectionnait le poète Jean Tardieu

Une voix unique que l’on lit la nuit au lit : Ô lit heureux l’unique secrétaire de mon plaisir 

Une voix enfantine qui crissait sur l’ardoise et son alphabet

Une voix collective jouissive dans la rue et sur les murs du Grand Mai

Une voix étouffée par les mots de la tribu

Une voix en allée sur les lèvres des trépassés

Une voix qui nous souffle qu’il faut continuer

Avec les voix de Marcel Proust, Philippe Jaccottet, Paul Verlaine et Rémi Belleau

Le cœur des petites voix

Sur une ariette de Verlaine

chant et mise en musique JJ Dorio

LA POÉSIE LA PLUS PURE

Buccale, gutturale, produite par le souffle pulmonaire, la voix humaine est le corps du langage

Par contraste, un tel appelle l’écriture, la morte voix

Une stupidité quand l’écriture, faite pour voir et pour entendre, produit dans la poésie la plus pure, la plus élaborée, cette jouissance issue du rythme et des mots choisis pour leurs capacités euphoniques, suggestives, érotiques, métaphoriques :

La vie est vaste étant ivre d’absence

Et l’amertume est douce et l’esprit clair.