Bouche ouverte et bouche fermée
Poème à dire mentalement
Comme un exercice de pensée
Poème à écrire comme à présent
Dans le bruit de ce pentel stylo
Qui accroche les grains du papier kraft
Poème à faire et à penser
Dans la nuit noire le matin blanc
Poème à rêver et à susurrer
Comme poète de sept ans
Dans la paille blonde et le blé noir
Poème perdu et retrouvé
Dans les livres d’école
Que personne ne lit plus
Poème de Personne
Du masque de Sophocle
Et de Pessoa
Poème intranquille
De la sérénité
Poème publié dans le recueil d'Encres vives La Nostalgie du Présent
tant de poèmes
à dire à communier
à chanter à espérer
si la poésie pouvait
casser les gestes-barrière
comme ce serait bien
si tous les mots du monde
pouvaient se donner le main…
Estourelle
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Merci beaucoup
pour la lecture
qui se prolonge
et fait ses ricochets
un petit poème
non achevé
mais comme en écho
CEUX QUI COUSENT ENSEMBLE DES CHANTS NOUVEAUX
« Éclair de nuit »
vient de brouiller l’image
venue du satellite.
Hier il faisait sauter les plombs.
Et maintenant après l’orage « éclair de nuit »
sont les trois premiers mots d’un poème incertain
mais dont tous les choix pour la suite sont permis
pour l’esprit qui ruse et qui divague.
Je m’inspire ainsi d’un ouvrage lumineux
sur Homère notre père d’un « mythe
qui ouvre, mais de manière réglée,
à la variation, à la fantaisie. »*
Nous sortons d’une période historique
de « confinement » :
« Restez chez vous »
s’affichait sur tous les supports.
Beaucoup l’ont subi
comme un manque
une perte
de leur vie quotidienne
Selon leur situation
c’était bien compréhensible.
Mais sous les mots ici
tout au contraire
un vivant à l’écart
a poursuivi l’envie de lire
et d’écrire des poèmes
ou des textes approchant
le désir des rhapsodes :
« Recomposer le monde
Qui sans cesse se défait
Le tisser de ces pièces
qui cousent ensemble
des chants nouveaux ».
*HOMÈRE
Pierre Judet de la Combe
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Les poètes de sept ans
ont le front plein d’éminences
ils suent d’obéissance
et l’œil déteint sur la joue
ils écrivent sur des bibles
à la tranche vert chou
des romans de déserts
de soleils et savanes
ils regardent rire
les espagnoles et
les italiennes où
luit la liberté ravie
fleurs de chair
vertige – déroute
et pitié sur des
pièces de toile
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