
Dès ma première enfance, la poésie a eu cela,
de me transpercer et me transporter.
J’aime l’allure poétique
À sauts et à gambades.
MONTAIGNE
Sur l’ardoise, ce coup de craie.
Et toc, toc, toc, cette musique
que faisaient nos mains écolières.
Jouant avec Calcul Mental
et les dictées des Homonymes.
Encadrée d’un bois, où nos noms
figuraient, c’était notre instit-
tutrice de très vieille roche.
Quel plaisir de relire Ponge !
Nul fanal. Ni conseils. Ni rage
d’écriture. Un petit feu
de braises maintenu mot à mot,
L’allure poétique à sauts
et à gambades.* L’autre scène,
Essais toujours en mouvement.
Paroles écrites. Morceaux
épars de notre palimpseste.
Pensées, pesées paradoxales.
Pavés phénix de 68.
Paroles effacées des murs,
Mais toujours vives en nos cœurs.
Systoles, diastoles, Saveurs.
Poésie, en ce monde qui nie
la cohérence aventureuse**,
se lit sans bruit, à contre-voix,
relie le souffle de Tchouang Tseu
aux Margeries de Jean Tardieu.
Contre la prose, morne plaine
de la marchandisation,
le verbe créateur des enfants du limon.***
** Roger Caillois
à propos des Collages surréalistes
***Raymond Queneau
Roman 1938