MONTAIGNE un dictionnaire à part moi

C’est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. Nous cherchons d’autres conditions, pour n’entendre l’usage des nôtres, et sortons hors de nous, pour ne savoir quel y fait. Si, avons-nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher sur nos jambes. Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes assis que sur notre cul.

Michel de Montaigne.

Tout change sans cesse, rien n’est stable.

C’est un plaisir toujours renouvelé que de savoir jouir de nos lectures.

Celle du fils de Pierre Eyquem, qui s’inventa, en quelque sorte, le nom de Michel de Montaigne, devient peu à peu, les ans passant, une de mes préférées. Beaucoup de passages me sont obscurs faits de pièces décousues comme il disait, non sans malice, mais j’y reviens, je les relis et les relie à celles pour qui j’ai plus de facilité à suivre, celles où il prend son allure poétique, à sauts et à gambades.

Je le parcours à sa manière, naturelle et ordinaire, sans contention, mais je ne le lis jamais sans éprouver le besoin de passer à mon tour, à une écriture qui tient registre de mes instants, d’une vie bien à moi, qui en est la matière. Une écriture, qui ne va jamais de soi, faite d’ajouts, de reprises et de pertes. Mais qui me tient et m’engage, à registre de durée, sans fin…et sans reproches.

Et quand personne ne me lira, écrivait, ou dictait depuis sa tour entourée de livres, qu’il nommait sa librairie, Montaigne. Une formule évidemment qui hameçonne son lecteur, mais que je reprends ici, volontiers, en ces temps où le « numérique » me permet de dévoiler pour autrui mes fantaisies, sous forme de poèmes, « essais » avec un « e » minuscule, et ce dictionnaire à part moi…dont je sais gré à quelques lecteurs et lectrices bienveillantes de les accompagner de leurs prolongements passagers.

Adieu donc, à Martigues ce 24 mars 2021

UN DICTIONNAIRE À PART MOI

Jean Jacques Dorio

Les Editions du Net

222  « entrées » 189 pages 16 €

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Merci mille et une fois

JJD

MATIÈRE POÉTIQUE





à Jean-Marie Corbusier

La matière poétique est inépuisable.

Dans les livres, hors les livres, dans nos corps, nos désirs de dire ce qui n’a pas encore été dit.

Tireli, Tire-là, Tire ta langue ma plume, ma pluplum tralala.

Je traverse l’espace de cette page, sur le chemin d’un écolier buissonnier qui s’imagine cueillant des fruits d’or, monter à l’arbre des métaphores, souffler sur les noms latins des plantes, marchant pieds nus dans les nues d’un poème mal fichu.

                Malade de faire ses lignes de second degré, à ne montrer dans aucune école de créativité, sous aucun pré-texte.

                Sauf celui de prétendre que la matière poétique est ce vieil océan que nulle écume des jours n’abolit.

(Une encyclopédie arborescente tâtonnante)
texte en cours

 

NE RIEN FAIRE





NE RIEN FAIRE, sauf respirer…et lire, mais en levant souvent les yeux, jetant alors, comme négligemment, sur le papier, cette prose musicale- du moins, je l’essaie.

Le personnage d’une nouvelle de Poe, si j’en crois le romancier espagnol qui rapporte le fait, prend « un interés tranquilo pero inquisitivo hacia todo ». Pour toute chose, il manifeste, deux attitudes en apparence contradictoires. Un intérêt tranquille (je suppose qu’il prend son temps, ne se met aucune pression pour résoudre l’énigme), mais « inquisitorial » ! (il tourne et retourne, « littéralement et dans tous les sens », ces choses qui passent sous son radar ? il fait du Ponge sans le savoir ?). Je n’oublie pas, toutefois, que le tout se déroule dans le flux et le rythme musical, créés par une « nouvelle ».

NE RIEN FAIRE, c’est déjà bien assez pour écrire ainsi, en vis-à-vis, sans compter/conter.

J’envie l’époque de Baudelaire, où ces petits poèmes en prose, flottaient, apparemment perdus, au milieu des pages de journaux de Paris.

NE RIEN FAIRE, la suite m’appartient. Elle ne paraîtra pas sur cette page cartonnée, blanche, dos de couverture de mon premier recueil de poèmes publié.

Oublie tout ce que tu sais sur la littérature, la poésie, la vie écrite dans les journaux du matin ou du soir ou, désormais, sur l’écran (cette mort programmée du lecteur de papier). Passe ta mine dans le taille-crayon, prends un livre, une page vierge en vis-à-vis, et sans rien faire, commence, ici et maintenant, ton exercice de petite prose poétique, limité à une page, pas plus.  

Petites proses poétique en une page

En temps de Covid (sévère), je vous propose un exercice de lecture et d’écriture, partagées.

Pour faire simple, il s’agit d’écrire une série de « petites proses poétiques, en une page ».

1 Tracez sur votre feuille A4,  un rectangle de 16×20 cm. (c’est le format commun).

2 Lisez le texte-souche, ci-dessus, 3 minutes, puis quittez-le des yeux.

3 « NE RIEN FAIRE, sauf… » ce sera votre début (l’inducteur). Que vous répèterez, autant que vous voudrez. (anaphore)

4 Écrivez à la main, en essayant de ne jamais raturer. (ce qui impose un certain « régime d’écriture », maîtriser sa vitesse, ne pas s’emballer).

5 Quand il n’y a plus d’espace sur la page, le texte est terminé.

6 Le recopier (mais rien ne presse, on peut laisser la pâte reposer), sur le clavier de l’ordinateur. Cette fois, vous avez toute latitude pour le modifier (mais à la marge).

7 Envoyez-le en doc joint à mon adresse doriojeanjacques@gmail.com, et je le posterai, tel quel, sur le blog.

8 Il n’est pas sûr que à partir de mes braises le feu se propage, mais sait-on jamais ?

9 Il en est des livres comme du feu dans nos foyers : on va prendre ce feu chez son voisin, on l’allume chez soi, on le communique à d’autres, et il appartient à tous.  Voltaire

TRAIN TRAIN DE NUIT

manuscrit tout chaud ma poétique est-ce du toc ?




TRAIN-TRAIN DE NUIT





toctoc toctoc

est-ce du toc ?

ou bien le rythme

d’un train de nuit





je tiens la rime

que brise le soc

d’une charrue

qui va et vient

sur cette page





plage de nuit

pour conjurer

mes insomnies





tictic trip tique

et se dérobe





ma poétique

comme dit l’Autre

ce n’est pas « Je »





est-ce du jeu ?





29/09/2020

4h24

SANS POINTS NI VIRGULES

SANS POINTS NI VIRGULES

Un bon cœur bat de la naissance à la mort un cœur qui a des points est un cœur malade

Pierre-Albert Birot   Grabinoulor





À dire d’un seul souffle





La langue qui remue quoi de plus fonctionnel ou alors il faut l’attacher la trancher l’arracher et cependant si on se met à l’écrire avec ses doigts par exemple ce qui en effet semble le plus naturel doigts et mains à plume à clavier à crayon à bille si nous restons dans l’actuel plus ou moins universel avec ses doigts qui la tirent plus que de raison la travaillent la recensent à défaut de l’encenser la langue commence à faire des siennes elle s’oublie elle se libère elle ne veut plus bêler bégueter chevroter quémander l’avis du spécialiste savant ou singe grammairien ponctuel à réclamer syntaxe orthographe et ponctuation exactes c’est-à-dire conformes à l’usage d’un tel écrivant il y a quelques siècles qui paradoxalement n’avait cure des points virgules jusqu’à ce qu’un imprimeur ancien compagnon pressier vienne mettre un peu d’ordre dans tout ça car tant qu’à raisonner il faut bien montrer et marquer les temps de la pensée petit morceau par petit morceau ne pas confondre le moment du donc de celui de l’et du par conséquent et du étant donné que enfin quoi il faut un peu de raisonnement que diable ainsi donc naquit dame ponctuation ou monsieur brisure si l’on préfère petits fétus par petits fétus petites semelles de plomb par petites semelles de plomb pour gravir une à une les marches pour poser une à une les marques de la phrase numéro un puis de la phrase numéro deux ainsi à l’infini pour que la dame ne s’essouffle pas trop aille s’éventant s’économisant de reposoirs en reposoirs pour que monsieur nous les brise bien comme il faut de la tête aux reins et même si l’on osait on descendrait un peu plus bas un doigt virgulant un autre pointant un troisième qui sait quoi tous signes étrangers à cet arc poétique continu jeté à cette seule arche suspendue à la recherche de l’écrit et de la joie qui sans raison résonnent et qui vont sans souci du quand ponctuera-t’on la fin sans freins et sans trompettes





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