
CAHIER DE PLAGE
J’ai sous les yeux une page d’un livre célèbre dans le monde entier. Je la lis par intermittence, et quand je lève les yeux, j’ai devant moi, une mer d’huile, ses bateaux, ses gens et sa rumeur, ce 15août 2020.
Toit tranquille, mais à la place des focs, vus et imaginés sous forme de colombes par le poète du Cimetière marin, ce sont les lourds et grands bateaux, porteurs d’or noir, de gaz ou de minerais, qui à l’arrêt, attendent leur tour pour un transvasement, dans la rade de Fos ou celle de Lavéra Martigues.
Des familles s’installent, derrière moi, près des rochers ; ils déballent ce qui sera leur repas de midi, avec le petit réchaud pour la cuisson.
Retour au livre dont l’auteur, un brin confondu avec le narrateur, veulent me persuader que les personnages sur la page et leurs émotions, les paysages et leur description, exercent sur sa pensée, une bien plus grande influence, que les personnes autour de lui et le jardin, où il fait dans le ravissement ses lectures d’été.
-Non, non, répètent les vagues qui me lèchent les pieds et me transportent ailleurs ; sur cette presqu’île de Goajira, par exemple, dont les plages immenses et sans personne, tutoient les dieux.