REGRETS ÉTERNELS

Cette nuit je me suis perdu dans Prague dans une nouvelle écrite bien avant son invasion par les chars soviétiques en 68. C’était en 1936 indique l’auteur dans une préface où il essaie de justifier, vingt ans après, sa réédition.
Dans cette ville où il attend des amis pour prendre le train vers l’Italie, le narrateur traîne sa misère matérielle (il doit compter sou après sou pour survivre) et spirituelle : les jours mortels que j’y vécus. Il erre, en effet, le long de sa rivière, l’Vltava, où dans le quartier du Hradschin au milieu d’églises, de palais, de musées : Je tentais d’adoucir mon angoisse dans toutes les œuvres d’art. Truc classique : je voulais résoudre ma révolte en mélancolie. Mais en vain. On passe sur le style : je ne renie rien de ce qui est exprimé dans ces écrits, mais leur forme m’a toujours paru maladroite. (préface)

La nouvelle se termine ailleurs, dans un petit cimetière d’Alger (sa ville natale) aux portes de fer noir, surplombant la mer. Le narrateur que l’on confond avec l’auteur évoque une tombe abandonnée avec sa plaque Regrets éternels. Heureusement il y a les idéalistes pour arranger les choses. Ainsi, aussi, sera notre conclusion.

Le titre de la nouvelle est La mort dans l’âme. Il y a assez d’indices,nous semble-t-il, pour n’avoir pas besoin de désigner son auteur.

Londres lundi 22 janvier 2024

UNE PROSE À L’EAU DE ROSE

Prose de nuit à Paris sous un couvre-lit pour atténuer la fraîcheur à mon goût d’une pièce louée à Airbnb Mais c’est excellent pour me sortir de la zone de confort de ma maison méditerranéenne

J’ai descendu la rue du Temple passé devant le majH musée d’Art et d’Histoire du judaïsme que j’irai visiter demain devant l’Hôtel de ville puis la cathédrale en reconstruction avec le nom des métiers impliqués inscrits sur de grands panneaux (charpentiers forgerons chaufourniers verriers carriers bûcherons cordiers menuisiers charretiers cloutiers couvreurs jusqu’aux « pêcheurs de sable ») tous ceux en train de relever la Grande Brûlée

Après un tour dans le Quartier où un dernier bouquiniste fermait sa boîte passant rue Saint Séverin devant le fantôme de la librairie mythique la Joie de Lire je me suis réfugié au bar du Départ autre nom fantôme de l’époque d’Apollinaire et consort pour y consommer une soupe à l’oignon gratinée me rappelant celles de la rue Bayard à Toulouse O Toulouse quand nous étions étudiants poil au dents

Ça fait ronron tout ça à l’eau de rose et de violettes des maraîchers de Lalande qui fournissaient les vendeurs place du Capitole ou devant Saint Sernin s’illuminant le soir d’une fleur de corail que le soleil arrose

Paris 11 janvier 2024

O LA NEIGE

À la fenêtre du tgv 
Au centre de la France
Défilent des villages enneigés
O la neige
Regarde la neige
Qui tombe
Combien de fois ai-je écouté
Cette chanson de Nougaro
Surtout vivant dans les Hautes Pyrénées
Quand la chaste damoiselle
Tombée toute la nuit
Avait fait disparaître ma deux chevaux
Logeant sur la place du village
Près de l’église et de la statue du soldat inconnu
O la neige
La bonne neige
Qui me donnait l’occase
De rester au chaud
Tout le reste de la journée
Faisant batailler
Mon feu de cheminée
Une journée de t'rêves
Car de toutes les manières
Le collège accueillant les élèves
De toute la vallée
Était fermé à clé
Les brebis de mon voisin
Faisaient chanter Apollinaire
Pour Marie Laurencin
Les brebis vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je

Marie soit dit en passant
est le plus beau poème
de la poésie française

dans le tgv Aix en Provence Paris gare de Lyon
11 janvier 2024 14:05

Et soit dit en repassant je viens de réécouter O la neige avec le somptueux accompagnement à l’orgue d’Eddy Louis et les paroles hugoliennes de Nougaro C’est du sublime