LES POÈMES QUE L’ON RÉCITAIT À L’ÉCOLE PRIMAIRE

FIGURES QUI BOUGENT (encore) UN PEU, c’est le beau titre d’un recueil de poèmes de James Sacré, né à Cougou (Vendée) en 1939, dit la notice. Il reste dans l’obscurité de nos contemporains lecteurs, qui en suivant, hélas, le tapage des industriels du livre relayés par leurs plumitifs, ne savent pas qu’il se publie encore des centaines de livres de poésie, bon an, mal an. La Figure 10 évoque les poèmes un peu mièvre qu’on récitait à l’école primaire… Et cependant dans la neige qui tombe il y a toujours le thème de l’oiseau mort. Ça devait être une récitation de François Coppée ajoute Sacré. Moi, dont le nom est encore plus méconnu dans la galaxie noire de la poésie contemporaine, je me souviens alors, du sujet d’une « composition française »donnée au cours complémentaire de Montesquieu Volvestre. Je devais développer la phrase suivante : les sveltes peupliers qui se mirent dans l’eau. Ce n’est que cette nuit, un demi-siècle après, que j’en compte les douze pieds, comme nous disions alors. On ne m’avait pas dit que c’était un alexandrin de ce satané François Coppée. Merci Sacré !

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

LA MER S’EST ENNEIGÉE





La mer s’est enneigée, son livre blanc ridé

D’autant de feuilles blanches, grises, vertes, bleues.

« Ô la neige, regarde la neige qui tombe ! »

Ma chanson de Claude Nougaro préférée.

Qui tombe, ô la neige, et que n’ai-je l’orgue

de Saint Sernin, pour la cerner, passer au crible ?





Flocons d’argent, flocons de peine, faux nez

du bonhomme de neige, phonèmes.





La neige à fleur de page, cendres et braises bleues.

On y plonge, on y nage, avant qu’elle ne cesse

de tomber, silencieusement,

sur la grève et les feuilles d’olivier de mon jardin d’hiver,

sur les rêves et les fables,

le pelage des rennes…et que sais-je ?





11/01/2021

PUR CHIFFON





Pur chiffon c’est papier

Pur papier c’est coton

Coton tige cigarette

Gare à toi tu es suivie

Une ligne et puis l’autre

Une vigne une feuille

« Dans l’eau de la claire

fontaine »* Je meurs de soif

devant tes trois voyelles

e de feu

a d’aqua

u de ru

Mon petit ru

se rue vers la pente

de l’espace blanc

qui alimente tout poème

tombe la neige

et que n’ai-je

un Ravel

pour pleurer

mon infante défunte





*Dans l’eau de la claire fontaine elle se baignait toute nue Georges Brassens