673 LES MOTS DÉBORDENT Je les retiens Les mots du bord Qui crient détresse Je les contiens Les hache menu Trois feuillets par nuit Trois poignées de sable Pour ce dictionnaire Où l’imaginaire Sans fuir dans les mots faciles Tient tête au réel
674 L’ATELIER DE POÉSIE On s’amusait dans l’atelier Sans hâte liés aux mots aux gestes qui nous multipliaient Aux grandes feuilles collectives Aux petits carnets de nos secrets Je te donne euphorie Tu lui donnes promesse Elle murmure boa Ou peut être bois Et la magie opère Il faisait un temps de poèmesEt la saison semblait éternelle
675LA GRANDE OURSE secoue son collier D’où se détache la Croix du Sud On entend un éclat de trompette venu du Bœuf sur le Toit Un cri nu sur la toile L’oiseau sort d’une goutte de sang La nuit tourne ses pages
Soyez prudent
Avec les pages
Qui sur l’écran
S’affichent
Virtuellement
Un simple clic
Et elles passent
À la trappe
À l’attrape nigaud
Des lecteurs solitaires
Et glacés
Soyez ouvert
Aux caractères qui flottent
À ces fragments d’existence
Que l’on se plaît
À partager
Entre lecteurs
Solidaires chaleureux
Je me bats chaque jour -pacifiquement- avec mes pages d’écriture
(différentes selon les formats de mes carnets, cahiers,
livres mêmes sur lesquels dans les marges
j’écris)Je parle comme disait Montaigneau papierOu, autrement dit,
Je confonds feuilles de l’être et feuilles de papier
Je voyage dans les mots que ne savais pas
(cette nuit c’est berloque et talharpa)
Et me frotte aux passages qui me fécondent :
sur la mémoire et l’oubli,
la guerre et la paix,
la dispersion et l’identité,
les exercices de style
et le livre de l’intranquillité
Et toujours dans l’inachevé
Mardi 22 mars 2022
Notre esprit vagabonde
Notre plume vague abonde
Court s’arrête repart
Amusements à part
En retrait des occupations communes
Nous voilà exerçant ces petits airs
Qui les gens sérieux importunent
Jaillissements Geysers
Notre esprit chancelant
Notre plume celant
Le secret des pages intimes
Sous nos noms hétéronymes
Lecteurs qui passez sur ces pages
Goûtez sans modération leurs cépages
Quatre pages d’écriture cette nuit. 1 Il y a des personnes qui ont le goût du bonheur…2 Il y a des choses que je n’aime pas…3 Je n’ai jamais vu Phèdre de Jean Racine 4 Il y a des mots de passe qu’on oublie…mais que l’écriture…comme par miracle…restitue.
Mardi 04/05/2021
Comment gouverner un peuple-roi ? Je savoure ce Traité nouveau d’art politique écrit par le philosophe Pierre-Henri Tavoillot qui m’avait enchanté sur France Culture parlant de son livre sur les abeilles dont le Roi est…une Reine.
Mercredi 05/05/2021
Je ne sais que choisir, que donner à ma plume : 1mon petit-fils Mathis avec qui je suis allé hier soir dans la forêt de pins, lui sur son petit vélo avec son casque bleu, moi le suivant à côté ou au loin quand il me sème… 2 ma lecture de nuit de Roland Barthes Sur Racine : j’apprends qu’à la première représentation Bérénice bénéficia d’un « vif succès de larmes ». R.B. suggère qu’un historien nous donne « une histoire des larmes ». 30 ans après c’est fait, un ouvrage d’Anne Vincent Buffault, mais pour le XVIII° et le XIX°. 3 L’évocation de mon voyage à Berlin Ouest dans les années 60, avec une virée à Berlin Est, perdu dans les ruines baroques entretenues par le régime communiste.
Jeudi 06/05/2021
J’ai fait des « révisions » cette nuit. J’ai survolé les nombreux mouvements poétiques qui se succédèrent au XIX° siècle…jusqu’à Apollinaire. Je me disais Guillaume Il est temps que tu viennes ! Du Romantisme jusqu’au Symbolisme, cette rage des –ismes, exceptés les Parnassiens et les poètes résolument isolés, « dilettantes, maudits », féroces et drôles, amours jaunes et harengs saurs se balançant au bout de leur ficelle.
Vendredi 07/05/2021
J’ai connu Jean-Marie Lamblard en venant à Martigues en 1978. Il était à la tête de l’équipe culturelle qui animait les manifestations de rue de l’été, théâtre, musiques et autres (nos ateliers d’écriture du GFEN) ; un festival joyeux, festif et riche, « pendant » de celui d’Avignon. J’ai reçu hier son livre sur « l’oiseau nègre », l’oiseau pintade (galline pintada en raison de sa tête fardée). En mai 68, Jean Marie amena une troupe de ses oiseaux sur la place de l’Horloge et une trentaine de volatiles prirent le soir leur envol à la Cour d’Honneur tandis que Jaguar de Jean Rouch était projeté.
Samedi 08/05/2021
Je sors d’un rêve compliqué, sur fond de classe de collège ou de lycée. C’est la rentrée, je suis une marée d’élèves et ne retrouve pas ma salle de classe. Quand j’y arrive A. une collègue a commencé son cours. On avait décidé de joindre nos deux classes. Je vois distinctement des visages d’élèves, mais l’objet du cours m’échappe.
Dimanche 09/05/2021
Quelquefois le peuple se fausse fidélité à lui-même. La foule est traître au peuple. Victor Hugo (Les Misérables)
En période de campagne électorale il n’y a pas de réalité qui tienne devant les proférations de Mme Le Pen. Quelle peine de voir tous ces gens la « bader », happés par la propagande de cette petite patronne d’une entreprise de démolition de notre République. Comment gouverner un peuple à qui l’on infuse le poison des passions tristes ?