LE FEU FOLLET

Plupart du temps si je laisse aller la main à plume et tout son tralala je me répète c’est pas la peine faut donc changer casser le rythme et batailler les yeux fermés improviser dans sa caboche faire jouer ses trous d’air donner feu vert à l’acteur qui libéré de l’auteur va faire valser le théâtre des paroles

UN NOUVEAU POÈME

J’hésite au seuil de ce nouveau poème

J’essaie les voix d’un chant fragile

Des images des paroles plus ou moins pures

J’écris je lâche les chevaux de la littérature

Ou symboliquement l’âne de la psychanalyse

Je noue le verbe d’un moi multiple

Avec le monde qui me tracasse

et à la limite me déchire

Mais il faut tenir il ne s’agit pas

De se défaire entre les lignes

De gâcher le travail du poème

Qui maintenant s’est écrit peu ou prou

Illusion créatrice ou commencement

qui n’en finit pas de nous étonner

UNE VOIX QUI NOUS SOUFFLE QU’IL FAUT CONTINUER

DES VOIX

Ainsi, qu’il laisse un nom ou devienne anonyme, qu’il ajoute un terme au langage ou qu’il s’éteigne dans un soupir, de toute façon le poète disparaît, trahi par son propre murmure et rien ne reste après lui qu’une voix, -sans personne. Jean Tardieu

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La voix, il suffit qu’on l’écrive, pour qu’elle se mette à exister.

Une voix perdue, mais qui en douce, remue et entraîne notre plume

Une voix retrouvée et qui prend la forme…qui nous reste habituellement invisible, celle du Temps.

Une voix venue d’Homère, le Père du Grand Récit : Conte-moi Muse l’aventure de l’Inventif

Une voix qui parle d’abord au papier avant d’être libérée par l’inflexion des voix chères qui se sont tues

Une voix dont le souvenir à la couleur du sable qui s’écoule grain à grain

Une voix sans personne qu’affectionnait le poète Jean Tardieu

Une voix unique que l’on lit la nuit au lit : Ô lit heureux l’unique secrétaire de mon plaisir 

Une voix enfantine qui crissait sur l’ardoise et son alphabet

Une voix collective jouissive dans la rue et sur les murs du Grand Mai

Une voix étouffée par les mots de la tribu

Une voix en allée sur les lèvres des trépassés

Une voix qui nous souffle qu’il faut continuer

Avec les voix de Marcel Proust, Philippe Jaccottet, Paul Verlaine et Rémi Belleau

Le cœur des petites voix

Sur une ariette de Verlaine

chant et mise en musique JJ Dorio

LE VIN PROFOND

Que la coupe soit d’or si le vin est pur 
afin de le porter noblement
Norge

Des voix qui se mangent entre elles disait l’auteur du vin profond en des poèmes célébrant la musique du verbe
Je les relis ce soir les scande les remurmure
Je les récris passant ma nuit à faire chanter ce vin issu d’un livre chaleureux
et que l’on fait mousser dans le geste répété d’une coupe divine portée à nos lèvres...jusqu'aux aurores

LA LANGAMOIMÊME

La langue à moi-même j’ai jamais eu disait Jak Kerouak canadien français venu au monde à New England (Nouvelle Angleterre)
Causant d’abord Joual sa langue de parole à la graphie phonétique qu’il usa en utilisant sa plume à qui mieux mieux (inédits de Kerouac en "français ")*
Langue parolière et parolée des conteurs savoureux qui fit notre écrivain se lancer dans l’écriture sur un rouleau de 36 mètres de long de On the Road dans une langue anglaise tard trouvée
Cette langue à soi-même (comme un autre) qui fait la saveur des écrits qui coulent en nous, qui flottent, qui nous font naviguer et  dériver de nos belles aubes en tristes soirs

* Dans l'moi d'octobre 1935 dans la nuit de nos vras vies bardasseuses y'arriva une machine du West de Denver sur le chemin pour New York
(Cette version de Sur la route intitulée comme cet extrait le révèle Sur le chemin)