La nuit bleue cette nuit se laisse porter par cette houle bienfaisante Elle libère l'oxygène des phrases en apesanteur La nuit bleue est une algue que je mâche sans compter En contant des histoires à dormir debout aux Néréides petites filles de l'Océan La nuit bleue est un phare éclairant la planète sous influence des petits vents d'ici Nuit de l'oltramarino lapis-lazuli Pour des pharaons recomposés et un chat qui récite moqueur le poème de Baudelaire Malédiction de la caste la plus basse Intouchables à qui l'on vole quelques feuilles d'indigotiers La nuit bleue s'abreuve au lait caillé et à l'urine des vaches sacrées La nuit bleue terre à terre mot à mot et sa musique balançant son Mood Indigo Nuit baroque où les hommes bleus du désert gravissent la montagne de Cézanne Épouvante des Romains et des gens du Coran Chinois fuyant l'ennemi aux yeux bleus Le vierge le vivace et le bleu d'azurite et de café moulu Vol erratique d'un martin pêcheur et jougs bleus des bœufs de mon père Libérés des mouches et des taons Portant l'enfant des nuits et des boustrophédons ad libitum
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UN DICTIONNAIRE À PART MOI
Vient de paraître https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi Une entrée du dictionnaire qui en comporte 222 BOUSTROPHÉDONS Où je suis né on me l'a dit* Mais ceux-là même sont partis depuis longtemps hélas. Mon père, ma mère, essentiellement. Dans une maison de village, face à l'église qui sonnait mâtines, midi, l'angélus. Personne ne s'agenouillait. Ma rue - je ne sais plus son nom - Traversait alors la commune, Je la quittai bientôt pour une autre, dite du pré de long. C'est là que j'appris à courir, Mes genoux portaient la couronne, Petit Poucet rieur offrant Miettes d'enfance au royaume. Mes parents étaient paysans. Pas un sou mais quelle richesse : Lait veau vache cochons couvées Blé maïs et pommes de terre. Quelquefois je guidais les bœufs, Mon père faisait ses sillons, Qui aurait dit qu'il me montrait Ainsi l'art du boustrophédon : C'est tourner d'une ligne à l'autre Le sillon égale le vers. Lui semait le blé dur, l'épeautre, Mon champ est plus imaginaire. Je le sais mais je persévère. *Georges Perros (Une vie ordinaire)
BERGERONNETTES & BOUSTROPHÉDONS
https://fragile-revue.fr/la-lettre/mon-petit-metier-2/ La poésie n’est pas la vérité : elle est résurrection des présences, histoire transfigurée en vérité du temps sans date. Yvon Belaval (1908-1988)
BERGERONNETTES ET BOUSTROPHÉDONS
La poésie n’est pas la vérité : elle est résurrection des présences, histoire transfigurée en vérité du temps sans date. Yvon Belaval (1908-1988) Dans ma rue entre le sept et le onze une bergeronnette fait interminablement son numéro Elle suit la charrue de mon père qui tranche la terre de Boulbène comme du bon pain Elle est jaune mon amour et tu le sais il n’y a que moi qui voit la petite fée suivre le sillon et se retourner Exactement Comme ces vers Que l’on appelle Boustrophédons Exactement Comme ce chant perdu Du bouvier Qui plante dans mon cœur Son aiguillon nb Roland Barthes m’autorise à appeler les éléments rapportés dans ce ce poème des "biographèmes »
L’ART DU BOUSTROPHÉDON rue de la bergeronnette
Agenda 26 avril au 2 mai 2021

Lundi 26/04/2021
À rebours chaque nuit mes vers boustrophédonnent Mon stylo va et vient ouvrant ces lignes nouvelles D’où sortent les mots verts du vocabulaire Les oiseaux hoche-queues les picorent Ils ont le nom de ma voie : rue de la Bergeronnette.
Mardi 27/04/2021
Un détour, et un recours, cette nuit par Exercices spirituels et philosophie antique de Pierre Hadot. En particulier cette pensée déployée de manière ternaire :
1 Accueille avec joie ce qui est extérieur à toi : le Cosmos (« ordre et beauté »), la matière de l’Univers ;
2 En ce qui concerne la communauté humaine que tu côtoies, agis avec le plus de justice et de justesse possible.
3 Ce qui dépend vraiment de toi, ce sont tes pensées, les représentations (en construction) que tu te fais, auxquelles après examen (qui devrait durer dans l’idéal jusqu’à la fin de ta vie), tu « consens », et qui vont (pensées et représentations en mouvement), déterminer ta conduite.
Mercredi 28/04/2021
Contrairement au journal intime, (le moi-je en ses petites histoires), j’essaie simplement ici de laisser traces d’un jour particulier. La plume me dicte ses fantaisies glanées aux Puces, à la foire à la ferraille, au plaisir d’entretenir et de renouveler si possible, son vocabulaire. Etc.
Jeudi 29/04/2021
Avant d’ouvrir les volets donnant sur mon jardin, les maisons voisines, la mer, j’entends la pluie. J’ouvre l’écran du smartphone qui me montre, en effet, un petit nuage avec 5 barres obliques au-dessous : Pluie 14°…prévue toute la journée. La bonne petite pluie, écrivait Alain, optimiste incurable.
Vendredi 30/04/2021
Tendon de l’épaule gauche rompue, mais pas de bénéfice d’une intervention chirurgicale où l’on essaie tant bien que mal de recoller l’élastique, m’explique le spécialiste de la chose. Faut faire avec.
Samedi 01/05/2021
Premier mai, non « la fête du travail » comme je le vois écrit sur l’agenda, mais celles des « travailleurs », qui arrêtaient ce jour-là de trimer alors que leur droit de grève n’était pas reconnu. Stop, ça suffit de remplir la panse de nos « bons maîtres » comme chante Brel dans Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? Et puis un à un les droits ont été conquis, ces travailleurs-là ont disparu, du moins dans nos démocraties. Et, comble d’inversion des valeurs le blanc muguet a remplacé la rouge aubépine encore nommée gratte-cul.
Dimanche 02/05/2021
Il a plu toute la sainte journée des travailleurs (hier). J’ai pu à loisir et avec un brin d’añoranza (nostalgie) réécouter en boucle cette chanson poignante de Susana Baca, chanteuse noire péruvienne, que nous avions vu et admiré avec Jo, en Arles. C’est un poème de Cesar Vallejo, qu’il a écrit à Lima :
Esta tarde llueve, como nunca, Y no tengo ganas de vivir corazón.
Il pleut ce soir, comme jamais Et je n’ai pas le goût de vivre, mon cœur.