POÉSIES ENFANTINES





J’ai tendu une corde de clocher en clocher,

et je danse.

Mon maître d’école avait inscrit la phrase

sur une banderole

qui flottait sur nos têtes.





Moi, quand je fus instituteur,

je remplaçai le danseur de corde

par Moi dans l’arbre





T’es fou tire pas !

C’est pas des corbeaux

C’est mes souliers

Je dors parfois dans les arbres





Ha!ha! On en a fait des lectures et des variations

sur ce dormeur dans son arbre





Comme « le paresseux » accroché au palmier,

au milieu d’une cour d’école de Caracas

où j’enseignais le français à de jeunes enfants.





Des infantes plutôt, des fillettes à l’esprit vif et sautillant.

-Profé ! profé ! comment dit-on « pereza » en français ?

– On dit « paresseux ».





Dame souris trotte Rose dans les rayons bleus

Dame souris trotte : debout paresseux !





italiques : vous devriez trouver le duo, première et dernière citation,

poètes majeurs, comme on dit, de notre panthéon poétique.

Quant à « Moi dans l’arbre ! »,

chapeau ! si vous connaissez son auteur

profond et facétieux.

LETTRES ORNÉES DE QUATRE BRINS DE LILAS

 
Lettres brèves
Sous forme de souvenirs  
Ornés de quatre brins de lilas
 
Lettre à l’enfant
Qui disputait trois grains de riz
Aux vautours des ordures
Sur les hauteurs et puanteurs
de Caracas
 
Lettre à l’ivrogne
Qui titubait sur la place Mouffetard
Dans le reflux post-soixante-huitard
La bouche pleine de poèmes
Sans lecteurs et sans but
 
Lettre à l’actrice
Que j’accompagnais à la guitare
Chantant sur scène
Les intermèdes que j’avais mis en musique
de Grand peur et misère du III° Reich
 
La dernière missive
Est pour les inconnu.e.s
Qui perpétuent le monologue pluriel :
nous sommes entretissés…