EN VERS DE MIRLITON

On n’est pas sérieux quand on a quatre fois vingt ans

et que l’on aligne encore comme à l’instant

des vers de mirlitons

Dans son lit entre deux sommes

Sur le rocher inexpugnable de son île anglo-normande

Du haut du cimetière marin surplombant la plage de la Corniche

Au milieu de la forêt obscure d’un gribouilleur

Qui quoi qu’il fasse chaque matin retrouve sa page blanche

PERSONNE NE SE DOUTE

PERSONNE NE SE DOUTE que ce texte s’écrit pour une lectrice rencontrée un jour de vent se levant au musée Paul Valéry de Sète dans la salle consacrée au maître qui mort en 1945 (quand naissait le passeur de ces fragments) tente de survivre dans sa tombe du Cimetière Marin que l’on aperçoit depuis la fenêtre sud-ouest du dit musée en présence d’un autre fantôme de la non-littérature celui du dénommé Pessoa cette Personne experte en dessasosego « l’intranquillité » dont l’aveu suivant est tout un poème : Je suis comme un homme qui chercherait distraitement quelque chose et qui, entre la quête et le rêve, aurait oublié ce que c’était…

portrait de Paul Valéry présent dans la salle qui lui est consacrée au musée Paul Valéry sur les hauteurs de Sète photo Dorio prise le jeudi 6 mars 2024

LA MORT & LES AMOURS TOUJOURS RECOMMENCÉES


La mer, la mer, toujours recommencée.

Paul Valéry (Le cimetière marin)


L’amour, la mort toujours entremêlées,
J’ai lu cent fois le cimetière marin
Je n’aurais jamais imaginé que tu y reposerais un jour
Bien avant moi de sept ans ton aîné

Sous un pin, toi aussi, à deux pas de la mer,
Mais tes focs sont ici des géants
Portant gaz, pétrole ou conteneurs.

Golfe de Fos et non de Sète
Où Valéry situa son poème
En surplomb de ce toit tranquille
Et du « cimetière des pauvres » où bulle
Brassens l’humble troubadour de la Supplique

Mais brisons-là avec ces morts célèbres
Toi ma fraîcheur mon âme universelle
Sur mes lèvres et mon livre*
Toi qui cèles nos amours post mortem
Dans le secret des mers
Éclaboussées par l’écume de mes humbles vers

Poèmes à ma morte
L’Harmattan 2017