Je ne me suis jamais rongé les ongles Je ne me suis jamais étendu sur un divan Je ne me suis jamais couché de bonne heure Je ne me suis jamais surpris à me rouler les pouces Je ne me suis jamais dit qu’il fallait que je me secouasse les puces Je ne me suis jamais pris les pieds dans un tapis de Casino Barrière Je ne me suis jamais incliné devant SAS 1 Je n’ai jamais crié en mer SOS Je n’ai jamais écrit un roman commençant par Aujourd’hui maman est morte Ou peut-être hier 2 Je n’ai jamais eu la foi du charbonnier Je n’ai jamais tué, jamais violé non plus 3 Je n’ai jamais imaginé Sisyphe heureux Je n’ai jamais couru deux lièvres à la fois Je n’ai jamais signé un livre à la Foire de Francfort Je l’affirme mais -sait-on jamais- je ne le signe pas 1 Son Altesse Sérénissime 2 Albert Camus L’étranger 3 Georges Brassens Le Mécréant
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MARQUISE
-Alors Madame la Marquise Vous sortez toujours à cinq heures du soir Et tout va toujours très bien ? -Faut croire cher Monsieur Puisque vous l’écrivez. -Et faut-il toujours croire ce turlupin Qui prétendait sur l’air des lampions Madame la marquise m’a foutu des morpions ! -Un plaisantin ce monsieur Brassens C’était juste un coup de trompette Pour exciter le peuple et les folliculaires -Ah ! la la ! et ce vilain Corneille qui sur ses vieux jours crut vous séduire en prétendant que vous alliez vite faner comme les roses de Ronsard. -Tous deux ont trépassé mon cher Et moi je me porte toujours comme un Ange.
L’AIR DE RIEN
l’air de rien refrain connu l’air venu j’enchaîne les paroles l’air le feu le souffle du fluide gazeux l’air la brise que brisent ifs et cyprès l’air qui donne cet air de famille d’une liste à la Prévert l’air sur l’aire qui sépare le bon grain de l’ivraie l’air délivré par ce pauvre hère tuberculeux l’air de Corbière poète maudit mort à trente ans de phtisie l’air de Tristan à sa jument Souris à Sir Bob à son chien Pope l’air de Titan satellite géant de Saturne l’air de Saturne morne et taciturne du père Brassens l’air d’un vanneur de blé aux vents 1 cependant que j’ahane cet air oublié que je te chantais 1 Joachim du Bellay
AU RYTHME DU CINÉMA MUET
Rythme poétique et saccadé (comme au cinéma muet) Tentative de déchiffrer l’informulé (selon Charles Baudelaire) Images fantasques passées comme le couteau (sans manche auquel il manque la lame) 1 à la meule à eau symbolique Images forgées par mes chers amis Montaigne et Brassens Pour essayer d’oublier leurs coliques néphrétiques (pour Georges soudain la lune écoute aux portes 2 et c’est vivre à propos qui importe à Michel) Le reste de mon propos manque… (ou c’est, qu’à la lettre, il s’est volatilisé) 1 Lichtemberg 2 un roman de Brassens autoédité à 50 exemplaires en 1947
DITES-MOI OÙ N’EN QUEL PAYS
Dites-moi où n’en quel pays
chantait Gastibelza
l’homme à la carabine
Léandre le Sot,
Pierrot,
ou la nonne
doña Padilla del Flor
Dites-moi si vous connaissez
Berthe au grand pied,
Biétris, Allys,
La vieille maugrabine d’Antequerra
et la frêle enfant,
méchante
Dites-moi si mon chant vous remémore
les neiges d’antan
Danser chanter dans la Tour Magne
Prendre le voile à Tolède
Franchir avec Cassandre le buisson
D’un saut de puce
Dites-moi pourquoi ces poésies et ballades
de Villon, Verlaine, Hugo,
chantées par l’illustre Brassens
me rendent fou, fou, fou.