ÉCRIRE APAISE

Écrire apaise. Écrire accompagne nos fantasmes et nos fantômes. Écrire contrairement à parler -ce qui est dit est dit- autorise à la fin de la page à déchirer le mal écrit. Écrire désarçonne. Écrire nous force à chercher notre assiette. Écrire nous forme. Écrire un roman (de Renart) se fit dans la jubilation du désordre. Écrire c’est toujours lire ailleurs si j’y suis. Écrire c’est maille à partir avec soi-même comme un autre. Écrire c’est faire une enquête de terrain sur l’organisation sociale des peuples sans écriture. Écrire c’est trobar leu-chanter clair et trobar clus– pour les initiés. Écrire c’est chaque nuit en résidence non surveillée dans son lit. Écrire c’est sans écrire en marchant sur des chemins de fortune écoutant des conversations diffusées sur France Culture en podcasts. Écrire c’est la mère des batailles de la langue toujours toujours recommencée. Écrire c’est cette présence qui nous a fait oublier chemin faisant que l’on écrivait.

écrire c’est toujours lire (avec sa voix cherchant sa voie) ailleurs si j’y suis

POÈME DU BON DÉSORDRE





Je laisse aller la plume au bon désordre

Comme un livre feuilleté au hasard

Dont on prélève de vives lueurs

Ou d’obscures métaphores





Je laisse aller selon l’imprévisible

mouvement de la main, du pinceau,

cet exercice ouvrant le pas aux rêves

dont nous sommes faits (et parfois refaits)





Je laisse aller… et je retiens

Ici où l’attention à az-zahr est première

Dé à jouer entre les lignes

D’une poésie à l’état pur





29/01/2021

je laisse aller selon l’imprévisible / mouvement de la main du pinceau