ÉCRIRE APAISE

Écrire apaise. Écrire accompagne nos fantasmes et nos fantômes. Écrire contrairement à parler -ce qui est dit est dit- autorise à la fin de la page à déchirer le mal écrit. Écrire désarçonne. Écrire nous force à chercher notre assiette. Écrire nous forme. Écrire un roman (de Renart) se fit dans la jubilation du désordre. Écrire c’est toujours lire ailleurs si j’y suis. Écrire c’est maille à partir avec soi-même comme un autre. Écrire c’est faire une enquête de terrain sur l’organisation sociale des peuples sans écriture. Écrire c’est trobar leu-chanter clair et trobar clus– pour les initiés. Écrire c’est chaque nuit en résidence non surveillée dans son lit. Écrire c’est sans écrire en marchant sur des chemins de fortune écoutant des conversations diffusées sur France Culture en podcasts. Écrire c’est la mère des batailles de la langue toujours toujours recommencée. Écrire c’est cette présence qui nous a fait oublier chemin faisant que l’on écrivait.

écrire c’est toujours lire (avec sa voix cherchant sa voie) ailleurs si j’y suis

ESSAIM D’ABEILLES IVRES DE MAI 68

DIOGÈNE
Joyeux jubilatoire effervescent vibratoire rieur moqueur coloré insolent les yeux bleuis par les lacrymogènes
Un Diogène pluriel et singulier comme un autre soi-même ses petites lubies perso envolées en ces temps hors temps
d’une métaphysique de l’instant un chahut un chalut une balade joycienne 
dans la brèche ouverte par Mai 68
JJD


 1 ON PROCLAME ON ACCABLE et l’on hue la bourgeoise hi hi hi C’est la mort du père Ubu /bu bu bu   On promet on démet et l’on crie Philosophie Philosophie de la misère Misère de la philosophie /fi fi fi  On godille et rame sur l’arbre mort des vieilles toupies /pi pi pi  On manifeste et l’on ébranle le grand palais du résident de l’Élysée On s’insinue et l’on squeeze la cohérence interne et le rire des dieux On explore la Constellation du Chien et le champ sémantique de la Révolution La mimesis la catharsis le simulacre de tous les carnavals de Rabelais On marche on souffle on siffle le temps des cerises les merles moqueurs et l’essaim des abeilles ivres de créativité

voix Mai 68 fragment 1