TE PLAIRE ET TE DÉPLAIRE SELON MES VERS

Te plaire et te déplaire selon mes vers
Te chanter t’encenser d’une aile inusitée
Te permettre d’atteindre les célestes beautés
Si périssable est toute chose née

Te plonger dans les mythes des driades des forêts 
Qui naissent avec l’arbre sur lequel elles veillent
Te comparer à Diane la chaste Cynthienne
Si notre vie est moins qu’une journée

Mes vers ici se brouillent répétant cette antienne
Du grand amour le soleil de mon âme
Qui me brûle et m’enflamme
Chassant mes jours sans espoir de revoir
Ma reine ma déesse gisant au Vistemboir
Cimetière des sonnets où les morts apportent leur manger et leur boire

avec Du Bellay (les deux éditions de l’Olive) Guillaume des Auletz (1529-1581) et Emmanuelle Chevalier  éditrice des éditions du Vistemboir






AVEC LOUISE LABÉ JE VIS JE MEURS

Avec Louise Labé Je vis je meurs 
Je me brûle et me noie en son sonnet
Depuis mon lit où j’écris tout sonné
Ces lignes de douleur qui m’amusent et me broient

Je meurs je vis je vois Diane chasser
Dans l’épaisseur d’un bois dessiné par Max Ernst
Son arc tire cent flèches sorties de leur carquois
Sur la femme cent têtes sans tétin restant coite
Tourner me faut mes vers toute la nuit sous ma couette
Éclairé par la lune mon soleil de minuit
Dont le noir m’illumine Desdichado Desafinado

J’écris j’endure Je n’écris pas je perdure
Je crie devant les murs de la maison de Louise
La petite friponne dont le blues me laisse dans la mouise

Louise Labé 1525 ? 1565


Max Ernst forêt et colombe 1927

LAMENTATIONS D’UN MAÎTRE DES EAUX ET FORÊTS

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Arbres Zéphirs Oiseaux fidèles secrétaires
Me voilà dans les bois Des Eaux je suis le maître
Et des Forêts Je m’appelle Marbeuf
De Haute Normandie Ce que je dis aux bois
Je l’écris dans mes vers Faisant aller le bœuf
Qui guide les sillons de chaque alexandrin

Mais ce n’est pas facile tant je suis empêtré
Dans «la vision d’un Dieu que l’homme doit aimer »

Je voudrais aimer cru faire le malandrin
Contempler Diane nue les beautés d’Amarante
Embellir l’univers de maintes jouissances
Des traits les plus hardis flécher amours lascives


Mais Espoirs sont bornés ma Muse est rétive
À célébrer Éros Voilà mes tristes vers

Pierre de Marbeuf (1596-1645)

de la série : Lir’écrire encor des sonnets ? Il faut être sonné !

une lecture sur fond musical : Pepper Pot (The Art Pepper quartet)