J’avance trois vérités à la fois J’avance de trois pages et je recule de deux J’avance le p de poésie plus petit qu’un grain de riz J’avance le fou, le cheval, le gambit J’avance dans le fleuve des pas perdus Un pied sur l’Orénoque un rêve de pirogue J’avance un œil sur l’Étoile du Nord Un autre sur celle de la Terre de Feu J’avance deux couleurs sur le mur des enfants Du bleu et de l’orange avec la phrase d’Eluard J’avance de pas perdus en pas retrouvés Sur le chemin des mythes et des épiphanies
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IL PEUT-ÊTRE DANGEREUX D’ENTRER SEUL.E DANS CETTE POÉSIE
L’inflexion des voix chères qui se sont tues Paul Verlaine Je ne savais pas avant de les écrire Que ces vers étaient faits pour ta voix Douce tendre mais dont les inflexions Ont - cent fois hélas - disparues Je lis ailleurs le rappel des croyances Qui transfèrent nos morts dans un arbre Une petite pierre Un oiseau Un lézard Les mythes nous disent comment les libérer Mais si ici j’en faisais le rappel L’enchantement serait brisé Je ne savais pas avant de l’écrire Que cette page aurait ce goût d’inachevé
CHURUATA
Cette nuit, la dernière de juin 2020, j’ai lu, après un premier somme, un passage d’Ateliers, écrit par Jean-Claude Carrière. Il raconte comment il passa une nuit dans l’habitation commune d’un groupe d’indiens Yanomami. C’était en 1989.
J’ai fait une expérience similaire, 20 ans auparavant, hébergé dans une communauté d’indiens Panarés, proches d’un affluent de l’Orénoque, le fleuve qui selon Colomb, prenait sa source au Paradis. C’était d’abord un honneur et une preuve de confiance d’être accepté comme étranger, à partager leur nuit. Ils m’avaient attribué une place, où j’avais posé mon hamac, au fond de la churuata, case collective, dressée comme une cathédrale de palmes.
Alors, quand tout le monde eut trouvé sa place, les couples avec les enfants, les vieux et les vieilles, et les plus jeunes, une voix s’est élevée. Une voix qui, même si je ne comprenais pas ce qu’elle disait, racontait à l’évidence une longue histoire, peuplée d’animaux, d’arbres, d’ancêtres, de récits comiques et tragiques, que l’ensemble de la communauté reprenait souvent, interrompait, prolongeant par des bruits, des souffles, des rires, des éclats de voix stupéfiants.
UN dictionnaire à part moi texte en cours
UNE PAGE À GOÛT D’INACHEVÉ
Je ne savais pas avant de les écrire Que ces vers étaient faits pour ta voix Douce tendre et maintenant disparue Je lis ailleurs le rappel des croyances Qui transfèrent nos morts dans un arbre Une petite pierre un oiseau un lézard Les mythes nous apprennent comment les libérer Mais je ne le dirai pas ici L'enchantement serait brisé Je ne savais pas avant de l'écrire Que cette page aurait ce goût d'inachevé
