PARLER À TON ESPRIT DE TOUTE ÉTERNITÉ

Je t’écris avec mon crayon qui parle au papier

Je t’écris comme cousent le monde les Indiennes Kuna

des îles San Blas au nord du Panama

Le monde a plusieurs couches

En chacune vivent plusieurs esprits

Coudre le monde c’est les visiter

T’écrire au crayon papier c’est te revisiter

Toi qui naquis comme aujourd’hui un 10 avril

Et dont le cœur cessa de battre un 25 mai

Je te l’écris comme si ce n’était pas vrai

Comme disent les mythes

qui cousent leurs secrets

pour l’éternité

mola de l’éternité

LIGNES DONT ON FAIT LE DEUIL

Dans le désordre du linge de ma couche

Je couche ces quelques lignes

Dont je fais aussitôt le deuil

Car tout simplement et bêtement

J’ai perdu la page de mon carnet

Où je prosais ces quelques vers

Un dieu malin me les aura cachés

Dans le maquis des phrases

Qui sans compter les heures

S’additionnent dans ma chambre d’écriture

LE CORPS D’UN POÈME


C’est de l’or et du purin
Le sable fin des pavés
La Commune utopique
Le sang versé par les Versaillais

C’est ma communale
Mon école accordéon
Des apprentissages rêvés
Et d’une vita nova

C’est ce qu’il nous faut creuser
Malgré tous nos déboires
Cherchant à y voir clair
Face à ce qui se dérobe*

Maintenir nos petits dispositifs
Qui font de l’écriture d’un poème
Mille ajustements créatifs
Où le corps en action
Élève notre esprit

*Henri Michaux