QUELQUE PART SUR LA SCÈNE AUTRE





Quelque part sur la scène autre

D’un théâtre





Où les voix sont Esprits

êtres divins

dieux quaquas





Quelque part sur cette page

de gypse et de pavés

où résonnent les pas

                                                                des magiciens du verbe           





Quelque part où un étranger

bâtit vers à vers

le vrai sonnet des faux Conquérants*

voguant vers l’inconnu





Quelque part au centre du savoir

qui échappe aux dramaturges





Quelque part où les voix de partout

traversent et changent

ce lecteur spectateur

sans limites





qui joue et se dissout

dans une pièce autre

Quand la fête est finie









*José-Maria de Heredia

la main écrit
sur une filtre à café
ce texte « à peine » unique
qui se retrouve
dans d’autres textes
24/01/2020
03h01

LIGNES D’INSOMNIES

 

et vous ?
nourrissez-vous
vos nuits
de lignes
d’insomnie
 
et vous ?
pouvez-vous
décliner
vos noms
prénoms
sans rire
 
et vous ?
êtes-vous
paradigme
ou plutôt
aporie
 
et vous ?
embourbé.e
empêtré.e
ou bien
essence
pure
 
et vous ?
voyez-vous
vos pensées
comme
principes
d’incertitudes
 
et vous ?
regardez-vous
le monde
comme un fleuve
de boue
 
et vous ?
tenez-vous
la balance
du corps
et de l’esprit
 
 
et vous ?
vivez-vous
de fadaises
et de lettres
volées
 
et vous ?
tombez-vous
à tous les coups
du mauvais côté
 
et vous ?
continuerez-vous
après votre disparition
de vivre
dans le titre
d’un livre-objet
 
et vous ?
serez-vous
monsieur Plume
ou une voix sans Personne
 
et vous ?
serez-vous
ce silence
que d’autres
meubleront
 
  et vous ?
fourmilier
du grand llano
tatou
dont on fait les charangos
 
et vous ?
crevez-vous
d’un cancer
ou bien
d’indifférence
 
et vous ?
sautez-vous
dans le vide
de cette espèce
d’espace*
 
 
et vous ?
pouvez-vous
décliner
vos noms
prénoms
sans rire
 
et toi ?
hypocrite lecteur
mon semblable
ma sœur


 
 
italiques : Michaux, Tardieu, Perec, Baudelaire
 
 

SANS REPOS





Et lentement nous quittent toutes les choses terrestres

Succession des saisons du Corps et de l’Esprit

Aucune nostalgie ni fuite dans la fausse poésie

Mais le rythme de ces quelques lignes écrites

En retrait des tumultes du monde





Le crayon sur la page

Dans le hamac ouvert

Auprès du mimosa

Et de la haie de laurier

Donnant ses derniers roses





Un jeu à quatre mains

Où les pensées sauvages

Vont et s’échangent

Sans barguigner





Ce qui est commencé par l’un

Est continué par l’autre

Sans repos*





* Roland Barthes (l’Empire des sens)