AU PRÉSENT SCINTILLANT

écrire chaque jour

c’est se mettre en jeu

oublier son moi-je

en recopiant des citations

en traduisant

en inventant comme à l’instant

ce qui ne s’est jamais écrit

en laissant aller ses fragments

qui nous déportent

vers on ne sait trop quoi

vers on ne sait trop qui

J’ai beaucoup lu. J’ai beaucoup vu. J’ai beaucoup dit. Je ne comprends toujours pas. Je ne comprends presque rien. Presque. Je continue. Je cherche loin des pièges et des concepts plus obscurs qu’une forge désertée. Loin des singes grammairiens qui bombent leurs poumons vides. Je reconnais les poètes à leur innocence essentielle : leur refus obstiné des réponses, leur amour de la dispersion et du secret, du rire et du monde reconstitué dans quelques mots confrontés à Nature. Quelques-uns affirment même que « Étoile n’est pas un nom ». Ni, Mer …sans doute.

Et Amour ? Et Mort ?

La Poésie dit…ne peut être qu’une formule.

On fait.

Toujours au présent scintillant…d’un noir inscrit sur la mer…entre les vivants et les morts.

MORCEAUX VENUS D’ON NE SAIT OÙ





Ce sont morceaux qu’ici l’on donne,

Pièces et fragments,

Poèmes ou bagatelles.

D’où viennent-ils ? Qui les écrivit ?

C’est selon

Tout au long d’une vie

Qui change

Se délitant ou se renforçant

Par les épreuves.





C’est un peu d’eau : sucrée, salée, plate,

Pour la palette qui marie bleu et rose

Pour les fleurs d’encre

Blanc sur noir.





Un peu d’air :

Inspiration, expiration,

Imagination créatrice.





Un peu de feu :

Pour la danse,

La mouvance et le cœur,

L’oiseau phénix.





Beaucoup de terre :

Coups de pouce qui nous façonnent

Et dernière glaise qui nous boira.





Et pour le reste, on amasse, on découpe,

On casse et l’on recoud

Ces morceaux venus

D’on ne sait où.


	

COMMENT VOTRE VIE SE PASSE ET QU’EST-CE QUI LA GUIDE ?





A -Comment votre vie se passe et qu'est-ce qui la guide ?

B - Mais qui t'a "soufflé" pareilles questions,
me dit quelqu'un qui n'est pas là.
(Il me "l'écrit", c'est sa "plume en l'absence",
comme le formula le poète Fontaine au XVI° siècle
- c'est ce que m'a appris une spécialiste des lettres
familières de cette époque : les épîtres.)

A - Mais comment les choses se passent
et qu'est-ce qui les guide ?
C'était la vraie question initiale
que j'ai recopiée à la hâte en la transformant,
je l'avoue, quelque peu.

B - Ce sont des questions "feintes" non?
ajoute cet ami soupçonneux
qui m'écrit à la main sur une page détachée
de son journal intime.

A - Écoute Francis, lui réponds-je, un brin facétieux,
un homme ou une femme qui posent
ce genre de questions ne sont jamais seuls.
Ainsi, nous allons proposer à ceux et celles
qui les lisent de nous envoyer leurs réponses,
chacun à sa manière.
Et de leurs fragments ou tesselles,
nous ferons une mosaïque
qui se passera de commentaires.