Il y a des mots de passe que l’on oublie…mais que l’écriture comme par miracle…restitue
C’est comme un jeu…un pari… sans trop y croire on lance les dés…qui sait ?
Qui sait si le quatre ne va pas sortir en premier…suivi du deux…et du un
C’était la belle époque du 421…en buvant sur le comptoir…le pastis…avec des amandes salées…et des olives noires
Avec des sortes de fous rires…et le juke-box qui jouait Petite fleur ou crachait le jus des Chaussettes noires
Mince…ça fait deux « noires »…une blanche…une fine avec un chic d’eau plate
Plate…le mot de passe est venu…Plate est le nom d’une ferme perchée sur une colline d’Ariège…
Au pied de la métairie il y avait une mare…et dans cette mare au printemps croassaient des grenouilles…gragnotes que nous attirions au bout d’une ligne…avec du farouch une fleur de sainfoin rouge…plantée dans un trident…et les pauvres batraciennes hameçonnées se retrouvaient dans nos musettes…
On peut continuer à tout temps l’étude, non pas l’écolage : la sotte chose qu’un vieillard abécédaire.
(le même)
Voilà pourquoi ce dictionnaire à part soi n’obéira pas à l’ordre abécédaire.
Quant au remplacement du « moi » par le « soi », il marque le passage du « moi seul », au « soi-mêmecomme un autre » selon la savoureuse expression développée en dix études par le philosophe Paul Ricœur.
Le même affirmait que le plus court chemin de soi à soi passe par autrui.
Les articles ci-dessous en acceptent la gageure.
IDENTITÉ
La mienne se conjugue en plusieurs versions d’un sujet multiple et divisé en parcelles que rien ne semble relier ; si ce ne sont « ses » écrits semés tout au long d’une vie, chemin faisant, et que vers la fin du parcours, quand plus rien ne semble aller de soi, on rassemble sous cette forme de puzzle énigmatique, mais non privé d’une identité, « aussi bariolée qu’est… l’imaginaire unité qui en serait le socle ». *
*selon le philosophe Clément Rosset
COMMUNION
On me l’a faite faire, je veux parler de la première, j’ignore si la seconde fait référence à l’hostie du dernier soupir. Une première communion sans y croire vraiment, mais c’était la coutume pour tous les enfants du village, sauf peut-être pour la fille de F.V., le « communiste », qui était née un jour avant ou après moi. En tête il me reste une photo prise devant l’église de toute la smala des communiant.e.s, chacun.e avec son aube blanche « pléonasmathique ».
Mes parents, en réalité, étaient détachés de l’église et réservaient leurs dons, non au denier du culte de monsieur le curé, mais aux instituteurs de la laïque qui profitaient ravis des produits du jardin, d’un poulet, d’un lapin, du vin bourru et de nos cochonnailles.
Le premier couplet de la chanson « mon village » évoque tout cela.
ADAM ET ÈVE
Dès le premier couple l’homme était premier. Pour le féminisme c’était mal parti. Mais plus curieux encore, quelques siècles après, la prêtresse du deuxième sexe, était toujours en seconde position, derrière son petit camarade. Sartre Beauvoir, je n’ai jamais lu l’inverse…(pour enrichir ce propos, quelques gloses féminines seraient les bienvenues)
RAINETTE
lire Ponge : une naine amphibie, une Ophélie manchote…
GRENOUILLE
Je les attrapais, adolescent, avec une joie sans pareille. Seul, autour d’une mare près des fermes isolées du « terre fort » de mon Ariège natale. Elles pullulaient à la saison ; j’étais muni d’un roseau avec du crin solide et une ancre, un trident avec un chiffon rouge ou une fleur de « farouch », le sainfoin. Je les attirais ainsi et elles se précipitaient les pauvrettes. Une levée de canne prompte et je les décrochais les mains gluantes. J’en rapportais souvent une musette que mon père s’empressait de convertir en cuisses dépiautées, séparées du tronc que l’on donnait aux chats de la maison. Les cuisses blanches gonflaient dans l’eau, puis passées à la farine, elles étaient plongées dans l’huile de la poêle et finissaient dans l’assiette enrobées d’une indispensable persillée.
CRAPAUD
L’horrible et boursouflé batracien que les mômes cruels du village faisaient fumer…comme un crapaud et que le pauvre Max Jacob, affublé de son étoile jaune…enviait.
« Jadis personne ne me remarquait dans la rue, maintenant les enfants se moquent de mon étoile jaune. Heureux crapaud ! tu n’as pas l’étoile jaune ! »