CENTON 26 à 30

CENTON & MISCELLANÉES

(en cours d’écriture)

CENTON Pièce faite de fragments d’étoffes rapiécés, si l’on veut. Ou bien l’étoffe se transforme en textes divers puisés dans nos livres et que l’on « colle » l’un après l’autre. Des ajoutages lit-on dans les notes accompagnant les paragraphes mis bout à bout, d’une œuvre qui n’en finit pas d’être rafistolée. 

J’invite lectrices et lecteurs au gré de leurs lectures d’apporter à leur tour leurs petites pièces, leurs petits bouquets de citations.

JJ Dorio Martigues 18 novembre16 décembre 2023

les citations, greffes capricieuses en apparence, impriment une magnifique éloquence au discours : les citations résidus culturels, s’incorporent de façon prodigieuse dans la structure car, au lieu de s’ajouter tranquillement au reste du texte, elles font en sorte que tous les deux s’entrechoquent, prennent une puissance imprévue et se transforment en un nouveau chapitre du livre. Enrique Vila-Matas Paris no se acaba nunca Paris ne finit jamais

26

Avec quelque peu de bonne volonté, en tirant les mots au sort, dans un dictionnaire, et en comptant sur ses doigts le nombre de syllabes nécessaires pour former un vers, on a de grandes chances d’atteindre la perfection dans le genre et de devenir un très brillant poète décadent.

27

Écrire Écrire

Vivre en mots

Et en noir

Envers et contre tout

Tout contre

Jusqu’à la brûlure

28

En nous bruissent mille mots épars

Qui constellent tombent en trous noirs

Lent brûloir de braises d’histoires

De visages mouvants qui s’effacent

Nous laissant là sur l’ombre des traces

29

Domaine du calme. J’y étais alors.

Vraiment.

Non pas en passant, mais comme si à

la manière d’une partie d’assemblage,

j’avais été enclenché dedans.

Accru, nouveau, total.

Calme du fondamental.

Retour à la base.

L’Inutile enfin dissipé.

30

Ce que la hache désunit la braise le renoue, fibre à fibre.

Ainsi le feu tisse les paroles.

26 Léon Vanier (27 décembre 1847-11 septembre 1896)

27 Danielle Nabonne (29 octobre 1954-…)

28 Jacqueline Saint-Jean (1° avril 1938-… ) poème in Spered Gouez 29

29 Henri Michaux (24 mai 1899-19 octobre 1984)

30 Claude Brugeilles (22 mai 1944-… )

CE QUE CONTINUE À NOUS DIRE CHARLIE

HYPNOGRAPHIES 17/10/2020
Dans le rythme des calligraphies :
ça repose des grands maux
(l'Histoire avec sa grande H) Georges Perec
ça libère la bonne énergie
celle des Lumières
(Traité sur la tolérance) Voltaire
nb le meilleur travail d'Historien que je viens de relire
pour ne pas faire que pleurer la décapitation d'un professeur d'Histoire
et "tâcher d'y voir clair"
est celle de Pascal Ory

CE QUE DIT CHARLIE
treize leçons d'Histoire

1 Sidération 2 Le Crayon guidant le peuple 3 Caricatures de Mahomet
 4 Religion (Guerre de) 5 Terrorisme 6 Liberté d'expression
 7 Laïcité 8 Place de la République 9 Je (ne)suis (pas) Charlie
 10 Hyper Cacher 11 Traité sur la tolérance 
12 Soumission 13 The massacre at Paris
Principe d'incertitude

	

ADIEU VIEILLE VIE ! BONJOUR VIE NOUVELLE !

une brèche dans le soir




ADIEU VIELLE VIE ! BONJOUR VIE NOUVELLE !





C’est comme une brèche, dans le soir d’été, qui naît peu à peu.

Au fur et à mesure, l’ombre s’étend sur le carré de pelouse et les arbres du jardin.

C’est comme une hache qui commence à abattre les arbres de la Cerisaie.

Mais ici la pièce se déroule dans un livre.





Je relis plusieurs fois cette scène poignante entre Lopakhine, le nouveau propriétaire,

et Varia, la gouvernante de la famille en partance,

dont peut-être, il pourrait demander la main.





Deux petites pages de phrases, sans grand relief, ponctuées de silences.

Tchekhov a-t-il hésité, imaginé un autre dénouement ?





Après leurs brefs échanges, on appelle Lopakhine qui sort.

Varia assise par terre, la tête posée sur un ballot de vêtements

préparés pour le départ, sanglote sans bruit.





J’entends la voix de miel de Marcel Maréchal,

qui jouait Lopakhine à la Criée de Marseille, en 1993.

Il vient de quitter définitivement la scène de la vie.

Sans retour. Et sans un dernier salut à la salle.





Il me revient, ce soir, de cette écriture

qui finit à présent dans le clair-obscur,

d’imaginer que cet acteur,

exceptionnel en son temps,

et que le public oublia,

vit toujours.





  • – Adieu, maison ! Adieu, vieille vie !
  • – Bonjour, vie nouvelle !




09/07/2020

CHERCHANT LE POÈTE ET NE LE TROUVANT PAS

 

le temps te dévisage
tu soutiens un temps son regard
puis tu t’éloignes
comme absent de cette histoire
avec sa petite hache
 
cherchant le poète et ne le trouvant pas
il est allé cueillir des simples
mais la brume est épaisse
je ne peux vous dire où il se trouve au juste*
 
*Ji Dao (779-843) époque Tang
traduit par J.F. Billeter

L’ART DE DÉNOMMER LA MER

 
de la mer inépuisable
de l’Odyssée
d’ Ulysse et de Simbad
 
 
de la mer inépuisable
sur le roc ou le sable
toujours recommencée*
 
*Paul Valéry
 
 
de la mer en péril
continent de plastique
des hommes prédateurs
 
 
de la mer mon amour
que nous avons tant aimée
 
 
de la mer à tes pieds
qui s’ouvre sur les rêves
d’éternité
 
 
de la mer retrouvée
allée avec le soleil*
 
*Rimbaud
 
 
de la mer maternelle
qui nous berce
en son sein
 
 
de la mer qui remue
page blanche
plage grise
 
 
de la mer qui écoute
les voix des trépassés
 
 
de la mer de la lune
qui jouait sur les flots*
 
*Hugo
 
 
de la mer qui fleurit
le corps des enfants rois
de la mer de mes filles
qui en faisaient des châteaux
 
 
de la mer assassine
noire et rouge sang
 
 
 
 
de la mer de tes nuits
cet enfant d’Idumée
que l’air du vierge azur affame*
 
*Mallarmé
 
 
de la mer des pensées
du temps
qui joue avec les dieux
 
 
de la mer de l’Histoire
avec sa grande hache*
 
*la citation la plus répétée
de Georges Perec
 
 
de la mer du delta
où se jette le fleuve
Utopia
 
 
de la mer de tes lèvres
qui faisaient le sel
de ma vie
 
 
de la mer de ta mort
Sirène au chant déchiré
 
 
de la mer z’yeux fermés
en ses derniers reflets