L’ŒUVRE POUSSE TIRÉE PAR LES CHEVEUX

Maître et disciple
Disciple et maître
L’œuvre pousse
Tirée par les cheveux

Pousse droite comme un chêne
Ou penchée comme un pin
Elle s’élance, oui,
À la façon des arbres
Qui cachent la forêt

La forêt des symboles
Chante le maître
Des Correspondances


Le Beau Lailère
Dit le disciple
Maniant l’oxymore
Et la moquerie

Puis tout disparaît
Feuilles et feuillets se dispersent
Ainsi de toi qui as lu
Cette histoire
Tirée par les cheveux





LE POÈTE L’HISTRION & L’HISTORIEN





Ce m’est douleur dolente et dure
Rutebeuf

Ce m’est doux leurre
Amorce d’une fausse complainte
D’un Enfer imaginé par Dante
Nella citá dolente 

« Vous qui rime me demandez »
Ce n’est pas l’heure de se lamenter
À l’exemple de Job « raillé par sa femme »
Dans un tableau de Georges de la Tour

Ce m’est doux leurre
De broder ces aimables détours
Dans une France rance et moisie
Par l’horrible Zémour

*

Complément 

Non l’histrion n’aura pas le dernier mot
"L’historien n’en veut pas de ce dernier mot :
Il est là pour restituer à ces vivants d’hier l’indétermination de leur être,
la plasticité de leur temps, l’ouverture de leur avenir.
Loin de sceller les sépulcres ou d’apposer les sceaux de la fatalité,
L’HISTOIRE EST UNE ÉCOLE D’AVENIR."

Johann Chapoutot
Que sais-je ? 
Les 100 mots de l’Histoire





SONGE ET MENSONGE





Le songe ne ment pas et ment

La vie est songe la vida sueña

Soigne les trop grands malheurs

Les coups qui nous déchirent l’âme

-ce mot maudit





Le songe ment et ne ment pas

C’est le souci d’avoir menti

par omission

L’espièglerie d’avoir accumulé

les fausses pistes





Je songe à l’instant que mon texte

File du mauvais coton mais bon

Pour rien au monde je ne le laisserai tomber

C’est ainsi quand c’est commencé

On ne sait bien comment sait

Mais on va au bout de chaque ligne

Jusqu’à la fin d’une page

-comme l’histoire d’une vie –

inachevée


	

AINSI JE MARCHE NUIT APRÈS NUIT





Ainsi je marche nuit après nuit tu

dis qu’on dirait ce piéton que tu fus

à Caracas Paris New York Toulouse

Rue Valade dans une arrière-cour

Sur l’île Saint Louis au Faubourg du Temple

à l’edificio Olimpo près des

Tours du Silence Dans un hôtel jouxtant

Central Park ou chez ta fille – Astoria dans le Queens-

Quelle histoire ! Somme toute cachée,

dans tes carnets ou ce papier d’exil,

comme ce jeu de carte – l’écarté

que tu jouais enfant tapant du poing

quand tu perdais- Somme toute légère,

comme on enlève peu à peu des masses

de matière à notre statue dérisoire,

Manière d’arrêter la marche dit

le lecteur voyageur sédentaire à

Caracas Paris New York Barcelona





10/12/2020

ainsi je marche nuit après nuit

SALLE DES PROFS (1)





SALLE DES PROFS, Gilles E., tout en fumant son cigare tordu (toscan), raconte la dernière blague belge, qu’il a entendu au bar du 14 juillet, hier soir. Mais, allez savoir pourquoi, ce matin, elle tombe à plat.

Liliane B., enchaîne alors, sur le dernier numéro du Débat. Il est traversé par l’analyse, (contradictoire, comme il se doit), du dernier « roman », «à la mode », « qui se vend comme des petits pains ». (Que de guillemets !).

C’est le bouquin, où, (pour aller droit au fait majeur), un musulman est élu président de la République Française. Une histoire, où, « les trois plans disponibles dans le jeu de la fiction, le personnage, le narrateur et l’auteur, est devenu un cas d’école ». Impossible de démêler l’un de l’autre. C’est la cause peut-être de son succès, ce qui révulse notre collègue, et qui confirme, selon elle, la « houellebecquisation » de la société.

À ce moment la cloche sonne, nous libérant d’une confrontation, qui, quand nous reverrons, s’annonce « musclée ».

« On nomme littérature, la fragilité de l’Histoire », …et de ces acteurs, fictionnels ou non.     

 





    

citations : Pascal Ory « Ce que dit Charlie », Patrick Boucheron « Prendre dates »