Ma femme à la chevelure de feu de bois André Breton 1896-1966) Ma femme de Mai 68 à la langue jouissive des mots des murs à la chevelure de sable sous les pavés aux yeux de grenades éclatées Ma femme à la bouche de mûres et de réglisse au visage de madone baroque aux lèvres d’un livre ouvert sur les promesses de l’aube aux oreilles de mistral et de tramontane Ma femme aux seins de mailles à partir au nombril de voie lactée au sexe de phénix et d’hirondelle aux paroles de perles d’oursines Ma femme sans fin Aux mille couleurs d’éternité
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LES RÊVES ET L’ÉTERNITÉ
Les rêves mesurent mon éternité Toujours sur le départ Rêves sueños dreams Révolutions logiques Les rêves lèvres des rêveries Sur des livres exhibant Des portraits de Nadar Les rêves usés de l'analyste Et des porteurs de valises Les rêves de pavanes pour l'infante défunte Les rêves de Peau d'Âne Du conte à la magie du ciné Les rêves en filigrane Sur le grain du papier Les rêves pour conclure Ce pacte avec l'éternité
BRAISES ET CENDRES
Poésie tourmentée repose aussi…
Long temps après
à la relecture
Braises sont devenues cendres
C’est un peu –comment dire ?-
Comme si l’on recevait une réponse
de nos lettres à nos morts
À force d’insister
l’une d’entre elles
-oui il s’agit d’une morte-
nous a adressé un courrier
que nous lisons mot à mot
sur nos lèvres
Ce sont trois minutes d’étrangeté
Qui semblent durer une éternité
Mais voilà à la fin
des murmures et balbutiements
Il ne reste rien
Seulement ce lit de braises
Devenues cendres
12/02/2021

SUR MON CAHIER D’ÉCRITURE
Je mets tout à plat
Tout ce qui sort de la pénombre
Sans en faire tout un plat.
« Comme un astre éclipsé »
ajoute Baudelaire,
dans un sonnet.
Je mets tout à rêve,
les amers et les doux,
les longues nuits sans trêve,
qui grèvent et dégrèvent,
le langage qui doue
mes vers d’un doux froufrou.
Je mets tout à dire,
les Sirènes les oiseaux-lyres,
« la nuit approbatrice »,
d’un Mallarmé Phœnix,
les lèvres qui murmurent
l’amour des métaphores,
le mot « humble » qui n’a pas de rime,
Tout ce qui s’inscrit
sur mon cahier d’écriture,
avant d'aller rejoindre
la belle forme d’un livre.

LE REVOLVER AUX CHEVEUX BLANCS
LE REVOLVER AUX CHEVEUX BLANCS
Prétexte
À force de noter ses rêves, il ne savait plus s’il rêvait qu’il dormait,
ou s’il se réveillait d’un somme où il rêvait qu’il traversait le Pont des Arts, un livre d’octosyllabes sous le bras.
Je mets la chambre dans le feu.
C’est un rêve d’André Breton
Qui tire à vue depuis la Tour.
La Tour Saint Jacques. Échec et mat.
Seul sans ma belle il m’a tué,
le révolver aux cheveux blancs,*
il t’a tuée.
Poésie ne fait pas de vagues
Elle vogue de nuit en nuit
Sur la barque d’un Anonyme.
Fanal, feu latent, exercice,
Poème en rupture, brisures,
Que l’on recolle pièce à pièce.
Les mots viennent de toute part
Mais il faut les laisser passer
Ou bien les isoler en chambre
De décontamination.
En attendant qu’ils nous reviennent
Avec l’ache et le serpolet**
Silence sur la page noire.
Sans livre à portée j’ai du mal
Mais avec crayon et papier
Je trace pour les recréer
Des guirlandes de l’un à l’autre.
J’ai du mal sans papier stylo
Mais persiste la voix en tête
De tous mes poèmes adorés.
À la fin sans pouvoir me plaindre
Sans voix sans oreille et sans yeux
Je n’aurai alors pour survivre
Que les mots sur les lèvres
de ceux qui m’ont aimé.
*André Breton
** Paul Fort