ÉCRIRE DANS SA TÊTE

J’ai perdu mon stylo et j’écris dans ma tête parfois droit parfois en italique 
Je note des images venues de je ne sais où
Un zèbre 🦓 passe sur des feuilles 🍁 mortes
Sa course erratique les fait craquer
Je vois des lettres qui se dressent comme la muraille de Chine
J’entends ma prof d’Histoire de l’Ecole Normale d’Instituteurs de la bonne ville d’Auch nous parler du Devisement du Monde 🌍 Le livre des merveilles de Marco Polo
On dirait un conte à dormir debout
Un exercice exorcisme des nuits où sans stylo tout se bouscule dans nos têtes

MINIMES IMAGES





MINIMES IMAGES

Minimes images
Glanées au quartier des Minimes
Ô moun país ô Toulouse ô Toulouse

Capitale du rugby
Antoine Dupont est son roi actuel
Ce n’est pas Antoine Doinel

Jean-Pierre Léaud
L’alter ego de François Truffaut
Dans les quatre cents coups

Les quatre sans cou
N’avaient plus de tête
Desnos leur avait coupé le cou

Minimes images ont proliféré
C’est extra
Chante Léo Ferré

1° mai 2023




SALLE DES MOTS PERDUS

Salle des pas perdus Traversée du désert
C’est un mauvais début « Ça va pas le faire »

Ou bien tout au contraire On va persévérer
E caddi como corpo morte cade 1
« Et tombé comme tombe un corps mort »
Le facétieux Groucho va nous relever
« Ou bien cet homme est mort
Ou bien ma montre est arrêtée »

Salle des mots perdus Au terme de tant d’années
Vouées à la recherche d’images pour les yeux,
Ou pour la voix qui répète ce vers mystérieux :
Sunt lacrymæ rerum et mentem mortalia tangunt 2

« Les larmes coulent au spectacle du monde
Le destin des mortels touche les cœurs »


1 Dante La Nouvelle Comédie 2 Virgile (son grand aîné)


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ADIEU À LAUJOURDHUI

J’ai du mal certaines fois à dire adieu à l’aujourd’hui J’aimerais le prolonger revivre encore au ralenti tous ses petits moments d’insouciance : rires et larmes d’une gaieté partagée pour un bon mot, une galéjade (de galer se réjouir), Braises de phrases sur lesquelles on souffle en toute innocence Souviens-toi, se dit-on ensuite lorsqu’on se retrouve seul ou seule Souviens-toi du poème que tu écrivis plus tard (dans l’aujournuit), pour le plaisir de recroiser sur le papier les images et les visages de cette journée particulière L’encre brillait, vibrait d’un lyrisme contenu, la page évoquait cette lumière d’une étoile éteinte depuis des milliers d’années mais qui continuait à nous parvenir comme ce viatique pour l’éternité, que l’on peut lire gravé sur une pierre blanche, sur l’immeuble donnant sur le Quai aux Fleurs et qu’occupa le philosophe doux dingue qui avait pour nom Jankélévitch et que les étudiants des amphis occupés en Mai 68 appelaient affectueusement Janké Adieu donc à l’aujourd’hui, à sa sereine intranquillité, que l’on annote sur notre partition d’un ppp (pianossissimo)

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