Combien s’en sont allés de tous les cœurs vivants Au séjour solitaire Sans avoir bu le miel ni respiré le vent Des matins de la terre Anna de Noailles Je vois la petite fille jouant à Marelle Je vois le petit garçon qui donne des sardines aux chats traînant dans les rochers Mais ce titre d’un journal Donnant la liste des petites Alice Et des petits Marcel Étripés par les bombes russes Non mille fois non Je ne veux pas le voir Je relis des poèmes thématiques sur l’enfance Où il est question de Nils Holgerson : Petites filles qui ressemblez étrangement aux petits garçons blonds cheveux longs qui vous accompagnent 1 J’emprunte à nouveau les pistes imaginaires Des majuscules enlacées Et des cœurs sur les chênes Où l’on se promettait De ne jamais mourir Je repense à l’enfant précoce de René-Guy Cadou Qui ne disait rien sur l’amour (pour ne pas mentir) Et à la petite Alice et au petit Marcel (c’est plus fort que moi) Je susurre cette complainte de plain-chant la nuit contre mon cou 2 Quand avec mon amour Nous respirions de concert (encore une heure encore un jour) 1 Daniel Biga 2 Jean Cocteau
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LA MORT & LES AMOURS TOUJOURS RECOMMENCÉES
La mer, la mer, toujours recommencée. Paul Valéry (Le cimetière marin) L’amour, la mort toujours entremêlées, J’ai lu cent fois le cimetière marin Je n’aurais jamais imaginé que tu y reposerais un jour Bien avant moi de sept ans ton aîné Sous un pin, toi aussi, à deux pas de la mer, Mais tes focs sont ici des géants Portant gaz, pétrole ou conteneurs. Golfe de Fos et non de Sète Où Valéry situa son poème En surplomb de ce toit tranquille Et du « cimetière des pauvres » où bulle Brassens l’humble troubadour de la Supplique Mais brisons-là avec ces morts célèbres Toi ma fraîcheur mon âme universelle Sur mes lèvres et mon livre* Toi qui cèles nos amours post mortem Dans le secret des mers Éclaboussées par l’écume de mes humbles vers Poèmes à ma morte L’Harmattan 2017


C’EST DIMANCHE
Il était petit et trapu, avec un aspect paysan,
à le voir on n'aurait pas pensé à un écrivain raffiné, comme il était,
mais les écrivains sont toujours ainsi, ils trompent leur monde.
Antonio Tabucchi (Pour Isabel)
-Et les poètes ?
- C'est encore pire.
S'ils disent "Je" c'est toujours un "autre".
Entre ce que je vois et dis
Entre ce que je dis et tais
Entre ce que je tais et rêve
Entre ce que je rêve et oublie
La Poésie
Octavio Paz
C'est dimanche
Il y a quarante ans
Dans un autre temps
Je me mariai
C'est dimanche
Dans un hôtel de ville
En belle pierre de Provence
Tu passais la bague
À mon annulaire
C'est dimanche
Depuis lors
Ça a coulé
C'est dimanche
Ça a coulé
Mais ça ne se raconte pas
Il faut laisser ça aux romanciers
C'est dimanche
Elle est sans merci
La mort qui frappe à l'aveuglette
C'est dimanche
Le gardien du temps
Me sourit tristement
La mort ? L'amour ?
¿ Quién sabe ?