UN 8 AVRIL

Dans les archives du Monde

UN 8 AVRIL

Dans les archives du Monde8 avril 1946

LOVELY COTTAGE ENLÈVE LE GRAND PRIX DE LIVERPOOL

Sur les 34 chevaux participants 6 seulement purent terminer le parcours. Le grand favori Prince Régent trompa les espoirs et ce fut Lovely Cottage cheval de 9 ans qui gagna la course à 25/1. Les deux chevaux français sont tombés et Symbole s’est tué.

8 avril 1947

DÉLIVRANCE

Ce clair matin d’avril, j’ai voulu dans l’enchaînement implacable des travaux et des jours glisser la joie déraisonnable d’une demi-heure de délivrance…La terrasse du Musée de l’Homme s’épanouit à la lumière. L’on y domine Paris sans la rancune de Rastignac qui serait inactuelle et les bruits qu’on y perçoit sont les seuls bruits du monde et de l’homme…Au pied du colosse venu de l’Île de Pâques, un enfant, chose précieuse, gentiment me sourit. Signé Léonard Saint Michel.

8 avril 1948

CINÉMA UNE JEUNE FILLE SAVAIT

À part Corridor of mirors (ou « L’étrange rendez-vous ») qui présente certaines qualités dont nous reparlerons, la semaine est assez grise sur les écrans parisiens. (…) Mais on peut mentionner les qualités de gentillesse et de fraîcheur de l’adaptation par Maurice Lehman sur un dialogue de Michel Duran de la spirituelle comédie d’André Haquet Une jeune fille savait… signé H.M.

8 avril 1949

UNE ÉPICIÈRE DE SAINT-OUEN ASSASSINÉE DANS SA BOUTIQUE

On a découvert assommée et étranglée derrière son comptoir Mme veuve Vitard, âgée de 72 ans, épicière rue Saint-Denis à Saint-Ouen. Il s’agirait d’un crime crapuleux…

8 avril 1950 et 1951

Pas de journal

8 avril 1952

BOBET ACCIDENTÉ

Bobet accidenté à 11 kms du but le belge Decock enlève le tour de Flandres cycliste.

UN 7 AVRIL

dans les archives du Monde

7 avril 1945

Gœbbels Poutine espère que la prolongation de la guerre divisera les alliés.

7 avril 1946

Absent des archives.

7 avril 1947

Pie XII permet aux Esquimaux de modifier le Pater en remplaçant « notre pain quotidien » par « notre nourriture quotidienne ». Ça ne mange pas de pain (les Inuits.)

7 avril 1948

Publication de 2 nouvelles anthologies poétiques. Rappel, le sens premier d’anthologie est choix d’un bouquet de fleurs, avant de devenir selon la définition de l’Académie : « recueil de morceaux choisis en prose ou en vers ».

Viennent de paraître l’anthologie de Paul Eluard intitulée Le meilleur choix de poèmes est celui qu’on fait pour soi (comprenne qui pourra) et celle colligée par Jean Paulhan sous le titre Poètes d’aujourd’hui.

7 avril 1949

À la Côte Saint André la maison d’Hector Berlioz menace ruine. Il n’est pas possible que le cri d’alarme poussé par nos lecteurs, ceux qui encore s’émeuvent en écoutant la Symphonie Fantastique, laisse indifférent.

7 avril 1950

Marathon artistique. Au palais d’hiver de Lyon ce soir sur un « ring » spécialement aménagé de 10 mètres sur 6, 25 couples de danseurs se mettront en piste pour tenter de battre le record d’endurance de danse.

(note personnelle : On achève bien les chevaux d’Horace McCoy date des années 30 quand sur la côte ouest des Etats Unis la grande dépression faisait des ravages)

7 avril 1951

Création au théâtre Marigny de l’Œdipe d’André Gide. « C’est donc intéressant. Mais au nom de Zeus ne crions pas au miracle ! L’Œdipe gidien n’éclaire pas la destinée humaine. Il n’agite qu’une flammèche au soleil de Sophocle. » Robert Kemp

7 avril 1952

En rugby à XV la France rencontre l’Angleterre pour le dernier match du tournoi des 5 Nations. Composition : arrière Brun , ailiers Pomathios et Colombier, centres Maurice Prat et Mauran, demi d’ouverture Carabignac, demi de mêlée Lasaosa, troisième ligne Bourdeu, Basket, Jean Prat, deuxième ligne Mias et Chevallier, piliers Blenes et Bréjassou, talonneur Labadie.

(appel aux lecteurs de Le Monde pour compléter ce début de liste…il ne reste que 72 7 avril !)

PAS D’ALLUMETTES

Fais court m’as-tu dit
Ça tombe bien
Tu ne vas pas être déçue
Évidemment
C’est pas terrible
vont penser certains lecteurs
Terrible ?
Le Monde l’est bien assez
Titre du soir :
Pas d’allumettes !
« La très grande majorité des bureaux de tabac affichent contre la glace de leurs portes ces simples mots : Pas d’allumettes !"

Le Monde 27 mars 1945

LE LIVRE D’UNE VIE EN MILLE ET UN FRAGMENTS

UNE FOIS N’EST PAS COUTUME j’écris ma page A4 « à l’italienne », en regardant les dernières nouvelles du monde qui défilent sur LeMonde.fr, passé minuit, au rythme des minutes 00.15 Les sorties cinéma de la semaine Avatar/Poet/Corsage/les Années super8/in viaggio 00.36 New York va interner de gré ou de force les malades mentaux (en cause 9 homicides commis dans le métro, le dernier causé par Martial Simon 61 ans schizo qui a poussé sur les rails à la station de Times Square Michelle Alyssa 40 ans déchiquetée) 01.01 Angelo Badalamenti compositeur fétiche de David Lynch (bande originale de Twin Peaks) est mort à l’âge de 85 ans 01.10 Quotas de pêche : les États Européens rechignent à protéger l’anguille et d’autres poissons menacés CHANGEMENT DE PERSPECTIVE Je quitte le monde qui souffle et souffre pour la revue ESPRIT la bien nommée J’ai cette fois sous mes yeux une palanquée de livres avec la photo de leurs couvertures et les chroniques des correspondants d’Esprit. Me voilà séduit par les extraits d’un texte dont la lecture transmigre dans nos vies, via quelques détails ténus qui essaiment à la façon du clinamen, ces atomes obliques épicuriens, nous incitant à écrire nous-mêmes ces fragments de notre propre quotidienneté, celle que notre amateur de néologismes nomma à propos, les biographèmes. 1 Ça tombe bien, moi qui à la suite d’un dictionnaire à part moi, publié cet été, poursuis l’écriture du livre d’une vie divisée en mille et un fragments. 01.30 À l’Assemblée adoption du budget en nouvelle lecture après le rejet de la motion de la France Insoumise 01.56 Soumise à la « terreur énergétique »  l’Ukraine obtient une nouvelle aide de ses alliés.

1 Roland Barthes Le plaisir du texte

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

J’ÉCRIS opus 14





J’écris au chant du coq cette lamentation 
Paroles d’un charretier
Dans le va-et-vient
D’une cancion protesta
Des années 30

J’écris entre les lignes
Ce qui semble n’avoir ni queue ni tête
Sur des bouts de papier,
des carnets,
sur le journal Le Monde
qui égrène ses libres opinions
après ses (mauvaises) nouvelles

J’écris comme à présent
en écoutant le petit bruit
que fait le stylo feutre
sur ma page en carton
posée sur un gros livre

J’écris tout étonné
que l’écriture se soit enclenchée
après un bon quart d’heure de feuille blanche

J’écris dès lors comme l’on emboîte 
ou désemboîte
des poupées gigognes 

J’écris si j’en crois Artaud le Momo
Comme un cochon
(toute l’écriture, écrit-il, est une cochonnerie)

J’écris comme hier écrivait Paul Fort à sa Thérèse :
Garde tes dindons moi mes porcs Thérèse
Ne repousse du pied mes petits cochons

J’écris à Saint-Jean-Pied-de- Port
Au pied du col de Roncevaux
Où Roland le Preux perdit son épée
L’épée grince mais ne s’ébrèche ni se brise

J’écris tout étonné de découvrir dans le pommeau de Durandal
Une dent de Saint Pierre
Du sang de Saint Basile
Du vêtement de Sainte Marie…
et un raton laveur

J’écris avec Saint Prévert confondant
Des travailleurs de la paix avec des gardiens de la mer

J’écris comme un ébéniste dans son atelier :
je scie, je rabote, j’assemble, je colle, je plaque, je râcle, je ponce, je vernis, je cire…
Tout ce fatras d’écriture
Qui tombe dans l’oreille des sourds (Rien à cirer !)
Ou dans celles d’aimables complices
(qui applaudissent dans la coulisse)