l’air de rien refrain connu l’air venu j’enchaîne les paroles l’air le feu le souffle du fluide gazeux l’air la brise que brisent ifs et cyprès l’air qui donne cet air de famille d’une liste à la Prévert l’air sur l’aire qui sépare le bon grain de l’ivraie l’air délivré par ce pauvre hère tuberculeux l’air de Corbière poète maudit mort à trente ans de phtisie l’air de Tristan à sa jument Souris à Sir Bob à son chien Pope l’air de Titan satellite géant de Saturne l’air de Saturne morne et taciturne du père Brassens l’air d’un vanneur de blé aux vents 1 cependant que j’ahane cet air oublié que je te chantais 1 Joachim du Bellay
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UNE LITANIE ÉCRITE AU LIT (reprise du poème 5)
Il faut écrire pour ne pas être lu C’est le paradoxe Il faut lire Le cru et le cuit à toutes les équinoxes Il faut compter Nos pas perdus Dans nos petits châteaux de Bohème Il faut regarder la Grande Ourse en lisant ce poème Il faut écrire Comme un Prévert Qui se la coule douce Il faut lire Comme une bête Ange ou pource* Il faut poursuivre Cette litanie Adressée à un lecteur innocent Que l’on course *Rimbaud (un hapax)
J’ÉCRIS opus 14
J’écris au chant du coq cette lamentation Paroles d’un charretier Dans le va-et-vient D’une cancion protesta Des années 30 J’écris entre les lignes Ce qui semble n’avoir ni queue ni tête Sur des bouts de papier, des carnets, sur le journal Le Monde qui égrène ses libres opinions après ses (mauvaises) nouvelles J’écris comme à présent en écoutant le petit bruit que fait le stylo feutre sur ma page en carton posée sur un gros livre J’écris tout étonné que l’écriture se soit enclenchée après un bon quart d’heure de feuille blanche J’écris dès lors comme l’on emboîte ou désemboîte des poupées gigognes J’écris si j’en crois Artaud le Momo Comme un cochon (toute l’écriture, écrit-il, est une cochonnerie) J’écris comme hier écrivait Paul Fort à sa Thérèse : Garde tes dindons moi mes porcs Thérèse Ne repousse du pied mes petits cochons J’écris à Saint-Jean-Pied-de- Port Au pied du col de Roncevaux Où Roland le Preux perdit son épée L’épée grince mais ne s’ébrèche ni se brise J’écris tout étonné de découvrir dans le pommeau de Durandal Une dent de Saint Pierre Du sang de Saint Basile Du vêtement de Sainte Marie… et un raton laveur J’écris avec Saint Prévert confondant Des travailleurs de la paix avec des gardiens de la mer J’écris comme un ébéniste dans son atelier : je scie, je rabote, j’assemble, je colle, je plaque, je râcle, je ponce, je vernis, je cire… Tout ce fatras d’écriture Qui tombe dans l’oreille des sourds (Rien à cirer !) Ou dans celles d’aimables complices (qui applaudissent dans la coulisse)
LE PLUS BEAU LIEU DU MONDE
Le plus beau lieu du monde
est là dans mon poème,
dans cette forme ronde,
manège de soi-même,
dont le cogito vagabonde
de ligne en ligne
de vers en vers,
dans ce que j’imagine
chez Nerval ou Prévert.
Je suis le desdichado,
Je suis comme je suis,
Je suis ce que je pense,
Ce nom qui me transcende,
Dans tous les lieux où je fus,
l’espace et le temps d’un poème,
Je suis cette personne autre,
Cet étrange étranger,
Habitant cette langue « fraîchissante et rose »*,
Du plus beau lieu du monde.
*Marcel Proust
AU JOUR D’HUI
Aujourd’hui
Ce mot posé sur ma feuille
Comme la main remuant les cendres
Pour souffler sur la braise de ce jour hésitant
Aujourd’hui
Sans hésiter
Refusant de prime abord les bruits du monde
le journal des penseurs orgueilleux
et les radios des amuseurs de pauvres gens
Aujourd’hui
Commençant pas à pas
le chemin inconnu de ce poème
que je lis en l’écrivant
plus lentement que n’allait Prévert
à l’enterrement de ses feuilles mortes
Aujourd’hui
Ce jour du lundi 21 septembre 2020
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AIMER L’UTOPIE
Jean Jacques Dorio
(réécriture été automne 2020)
(une première version
a été publiée par Encres Vives
en octobre 2011)