BÂTONS ET LETTRES

Bâtons et lettres

Feuillets noircis

Au crayon papier

Ou à l’encre de Chine

Sur une vie mouvante

Et quelque peu

Anachronique

L’ai-je vécue

Pour la conter

Celle où on peut me confondre

Avec des personnages

Issus des romanciers ?

Je ne sais pas

Je sais

Telles toutes ces vies

Perdues en chemin

Et qui mêlent

Comme dit la formule*

Commencement

Et fin

*Ce commencement qui n’en finit pas

LE GÉANT DE NOS LETTRES

Je lis des vers d’Hugo le géant de nos Lettres

Qui se montre surtout dans tout ce qui le cache

Criant Hé le géant ! Hé l’homme de l’abîme !

Je lis ce cher Victor qui va de cime en cime

Un vautour qui me dit : Petit, les choses,  sache,

Avec leurs dieux,  ont des monstres pour ancêtres !

Tournés vers l’intérieur comme vers le lointain

Nos vers ont l’ambition d’être lus, entendus,

Avec l’œil et la feuille, sans sanglots superflus,

Entends d’Orphée la lyre qui rythme tes actions !

Entends écoute apprends pense ou sois imbécile

Veille ou dors Viens ou fuis Nie ou crois Prends ou laisse

Montre-toi cache toi Va t’en demeure Oscille

La liste est infinie des verbes qui t’oppressent

Et libèrent la part de folie sous sagesse

Sur l’épaule d’Hugo le géant  de nos Lettres

J’ÉCRIS DES LETTRES

J’écris des lettres poste restante

J’écris appuyé sur la restanque de l’ex-jardin du Paradis

J’écris des lettres à ma semblance

J’écris à celle qui fut ma mie

J’écris des lettres sur le papier

J’écris au jeune homme que je fus

J’écris des lettres de mémoire

J’écris en discontinu

J’écris sur des pages volantes que je recopie sur mon espace numérique par milliers

J’écris des lettres que je brûle après

SALLE DES POÈMES PERDUS

Tu grignotes dans la nuit ce biscuit inactuel 

que l’on appelle encor – semble-t-il ? – un poème

Avec la craie qui le traça sur le tableau noir de l’enfance
Avec le stylo feutre bleu qui enjambe les ponts et les refrains présents
Avec tes doigts de vieux copiste aimant les lettres illuminées
Ensuite c’est la grande inconnue

Salle des poèmes perdus