Je lis un pur lacanien
Dont je ne comprends goutte
Mais qui stimule mon écriture
Écrire comme lire
Accueillir ce qui trouble
Laisser s’ouvrir le rêve
Qui tentera de l’apaiser
J'écris et je vois double :
la littérature que je lis
tant bien que mal
et tout le reste
comme disait Verlaine
Tout ce qui permet
De lever la tête
De nos livres
Et de se livrer
À des exercices de pensée :
"Un ailleurs théorique et plausible
À notre ici compact et inéluctable"
version Tabucchi
Ou bien
"Inutiles phares de la nuit"
version Chateaubriand
Ou bien
(à toi lecteur / lectrice interactif/ interactive de l'écrire) s'il te plaît
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Martigues dimanche 17 décembre
Tag Archives: littérature
L’EMPLOI DU TEMPS DES NUITS
L’emploi du temps des nuits où nous veillons solitaires Chacun et chacune devant les rumeurs du monde les collectes de phrases les phares des calligraphes les encres et les couleurs projetés sur la toile les musiques tissant l’étoffe de nos rêves
L’emploi du temps à travers le temps présent où la foule est coupée de la voie des poèmes qui vont et viennent sur nos peines et nos joies les silences de tout ce qui est trop difficile en paroles
L’emploi du temps à l’écart à l’écoute de nos cocons de mots où l’on puise l’énergie qui font nos manuscrits toujours inachevés Ondulations arborescences brouillons épars sans ratures ni repentirs
Et tout le reste est littérature
Ainsi se termine la série commencée le 26 juin 2022 sous le titre POUR OUBLIER MAUX ET VIEILLESSE et terminée cette nuit du 17 septembre 2022
CRÉER SA PROPRE LANGUE
Créer sa propre langue c’est un truc de fou ça…de fou de littérature parti en des contrées indéterminées…des années durant nourrissant en secret ses nuits de mille et une pages…qu’il brûle la journée suivante…jusqu’au jour (une nuit magique) où la langue unique et singulière prend…sur un premier cahier que l’on nomme roman du côté de chez Swann…ou bien poèmes faisant bouquets de fleurs du mal…lors les phrases en prose ou les antiphrases écrites en vers…prennent leur envol créant la propre langue de ce forçat d’une écriture…qui bat et rebat les cartes d’un je multiple…jugé par les premiers critiques qui n’ont jamais lu rien de tel…de folie pure…
L’AZUR LES PROSES LES CHOSES ET LE RESTE
L’Azur Lapis-lazuli Taches de vins bleus 1 L’azur sans nuit sans mort 2 L’azur et le vermeil L’azur et le hasard Venus sur cette feuille Éclairer l’or Des proses Les proses De l’école première Des lettres en bâton Les proses des petits poèmes Portés comme des sacs de farine Sur l’dos de Baudelaire Ses proses poétiques Dans la saveur Des choses Les choses Quelle affaire ! Les choses de la vie Le parti pris des choses 3 Les leçons qu’on nous donnait À l’école communale Sur la noix et la pomme La mouche ou la mousse des bois Des bois et des déboires Au parfum de tristesse Songeries dont aimait se martyriser Stéphane Mallarmé Stéphane Mallarmé L’esprit de l’escalier Le hasard et le coup de dés Crise de vers Exquise crise De cette littérature Dont Verlaine voulait Tordre le cou 1 Rimbaud 2 Hugo 3 Ponge
À LA RECHERCHE D’UN ROMAN INSENSÉ
CINQUANTE-CINQ FRAGMENTS DE LITTÉRATURE
À la recherche d’un roman insensé
« J’AIME LES LIVRES. J’aime leur monde. J’aime être dans la nuée que chacun d’eux forme, qui s’élève, qui s’étire.»
Pascal Quignard (L’homme aux trois lettres. Dernier royaume, XI.)
« Et je me rendormais un peu, oubliant toutes ces bêtises.»
Franz Kafka (La Métamorphose)
J’ai écrit comme je respire, et sans masque à papier.
JJ Dorio (55 fragments de littérature)
Avant que je ne disparaisse, avant que ne se dérobe mon étrange identité, je pratique le plaisir de faire mouvement sur une page blanche, vierge de toute écriture, en utilisant la ressource dictée par Julien Gracq : en lisant, en écrivant.
-Alors, tu vas encore faire ça ?
-Oui, bien sûr, de haut en bas, et de long en large.
-Et comment passes-tu de ton activité de lecture, à celle de ton écriture ?
-Eh bien…comme ça. Sans vraiment y penser, à sauts et à gambades.*
*Montaigne
un
C’ÉTAIT COMME UN SALON DE ROMANCIERS à ciel ouvert. Une place du Midi, le soir, entre sol y sombra. J’allai, avec mon épouse, vers une écrivaine éclairée par une rousse chevelure, qui se tenait en marge de la manifestation. Elle avait posé sur un pupitre d’écolier, son pavé. Elle me le tendit et tout en le feuilletant, je lui demandai si ça avait été difficile de le publier.
-Non, pas du tout, répondit-elle. Je n’ai jamais rencontré Madeleine C., l’éditrice, et un jour, mon tapuscrit, comme par miracle, s’est transformé en ce livre de 427 pages, que vous tenez dans vos mains.
Je poursuivis ma lecture en diagonale, comme on dit, en fermant à demi les yeux, comme je lis le tableau d’un peintre que je découvre, mais quand je levai mon regard, revenant, en quelque sorte, à la réalité, Joëlle L., le nom de l’auteure, inscrit sur la couverture, avait disparu.
deux
MAINTENANT TU SAIS CE QU’IL TE RESTE À FAIRE, m’avait dit spontanément ma moitié. Oui, lire et me plonger dans ce pavé de 427 pages, qui me brûlait les mains. Mais, je n’avais pas prévu, qu’à certaines pages, dans les marges du texte, il y avait des ajouts, écrits en complément, de la main même, du moins je le supposais, de Joëlle L.
« J’aime écrire. Quand bien même serais-je la seule à le lire, j’écris chaque jour, à la main, sans ratures. J’écris des histoires que j’ai déjà en tête, quand je m’y colle. J’écris des poèmes qui, au contraire, guident ma main et semblent me déposséder d’un « moi » lourd, pesant… J’ai écrit tout ce livre, récit, essai, roman, je ne sais trop, dans un café de la rue Notre Dame des Champs, sans être jamais importunée. Sauf une fois, où un homme étranger à ce bar, les yeux noyés d’alcool, s’était approché de ma table et m’avait dit : -Toi, tu as des yeux d’espionne.
source « côté dame » Chantal Thomas (Comment supporter sa liberté) « côté monsieur » JJ Dorio (Comment j’écris des poèmes)
trois
JE N’AI JAMAIS ÉCRIT, quelque texte qui soit, dans ce café au nom inconnu. Mais, à cet instant du livre, en train de se faire, ce n’est pas de moi qu’il s’agit. Je ne suis personne et je dois demeurer invisible, si je veux relater, avec quelque chance d’être lu, les histoires extraordinaires révélées par la narratrice.
« Histoires extraordinaires » ? Outre que le titre est déjà pris, je l’ai trop vite écrit.
Des histoires, disons, cet « inépuisable torrent de belles apparences », lit-on ailleurs, là, ou notre narratrice, a puisé ces expressions rares et un brin archaïques, pour se conforter dans son désir d’être, quel qu’en soit le prix, une romancière.