LA PETITE GRÂCE
30 12 2008
L’écriture est une grâce mais elle n’existe que grâce à de multiples tentatives
qui oscillent entre impasses et petits bonheurs de(s) sens
Les mots alors s’insèrent dans la chaîne d’une conversation
depuis longtemps commencée
et que nous avons l’illusion qu’un(e) autre prolongera
quand nous aurons quitté la scène
AU SOLEIL DES LOUPS
30 12 2009
Le soleil des loups
Etait cette nuit
Tranchant sur la joue
De ce drôle d’Inuit
Ce pâle voyou
Défaisant syntaxe
Muselant son biniou
Poète contumace*
Sur le pont des rimes
Soufflaient figurants
Cupidon novice Diane et le team
De tous les dieux chébrans
Ça faisait la noce
Ça râlait pas mal
Entre mots d’Eros
Et gouttes de Tantale
Et puis au matin
Finita la tra
Montane et l’hallali
Les loups le tradéridéra
Poème bu jusqu’à la lie…
E la nave va!
* Le poète contumace (Tristan Corbière)
QUE SAIS-JE DU TEMPS ?
30 12 2010
On ne prend pas le temps avec des pincettes
Il pousse le temps il prolifère
Que sais-je du temps ?
Question sans réponse
mais non sans approches
sans voix amies pour le dire en secret
loin d’une quelconque maîtrise égotiste du temps
Échanges Passages Reconversions
du silence dans les textes qui nous touchent
que l’on tâte et que l’on suit des yeux
Braises éphémères des tropismes
du dictionnaire de Montaigne*
de tous les grands et petits récits depuis la nuit des temps
jusqu’à l’aurore des paroles ès poésies
Temps dont on suit les ruisseaux et les fleuves des mille et un styles
Voix autres et métaphores qui font passer
– comme au théâtre quand il nous sublime –
le frisson sacré du temps…
* J’ay un dictionnaire tout à part moy :
je passe le temps quand il est mauvais et incommode;
quand il est bon, je ne veux le passer, je m’y tiens.
Montaigne
QU’ELLE ÉTAIT BELLE MA PROSTATE
30 décembre 2011
Dans un lit de clinique j’appuie sur la commande
Qui m’assied, me redresse, afin d’écrire, enfin,
le fin mot du dernier mouâ, mois de décembre.
Échec et mat : Qu’elle était belle ma prostate
Voguant, avant qu’elle ne devînt apostate
et qu’il fallût qu’on l’amputât, la scélérate !
Montée, descente, roue de fortune, chariot
qui brinquebale, chants du cygne, de grillons.
Ici, ailleurs, on est étain et puis de fer,
taureau, vautour, fleurs de rosée, argent et or.
Hermite au pied léger, liberté voletant,
Tu bâtis de guingois la maison Poésie
la seule où il fait bon vivre, poisson soluble
des deux jarres, le Corps de chair, l’Esprit de lutte.
Pour tâcher d’y voir clair, je lève dès matin
le filet des paroles ignorées d’un public
endormi et bercé par les fausses promesses.
Parfois, souvent, les rêts ne montrent qu’un grain
de lumière rauque, qu’il faudra transférer,
jardiner, tisonner, chanter au bord du gouffre…
Dans la paix souriante, mais non regrettante
comme écrivait Stendhal en ses galanteries.
Le Poète m’honore de ces brefs commentaires
« C’est de plus en plus ardu d’ « Aimer l’Utopie »
Mais peut-être est-ce de plus en plus nécessaire. »*
Résister page à page et sans démériter !
Rareté et trouvailles, pour terminer l’année,
Je m’exerce au chinois, multiples caractères
Qui peu à peu m’accaparent et m’ouvrent à la voie.
Savoureux, ça vous rend heureux, comme un enfant
Qui joue dans le couloir des siècles silencieux.
*Philippe Jaccottet
AIMER L’UTOPIE
Jean Jacques Dorio
Encres Vives