JE VOIS DES MOTS

Je vois des mots

La nuit sans plume

et sans papier

Puis je les perds

C’est la loi quand on dort





Je vois des morts

leur corps sans lèvres

et sans aurores

J’entends leurs voix

C’est la loi quand on rêve





Je vois des fleurs

Des roses et des immortelles

Belles très belles

Mon cœur soupire

Ce ne sont que fleurs de rhétorique









figure de sable
Fos sur Mer
11/03/2020


ÉTINCELLES DE POÈMES ÉPARPILLÉES PAR MISTRAL

un poème n’est jamais seul un poème peut en cacher un autre un poème popo aime clément marot la mort n’y mord





  un poème est toujours inédit un poème d’attaque comme un solo de Trane un poème guilleret est un poème de belle lurette





  un poème naît d’un étonnement et meurt sans royauté aucune aussi indigent qu’un fossoyeur*   *Hubert Haddad





  un poème sans poésie se perd dans la prose du monde un poème en forme de cœur est une marque déposée par un certain Kostrowitzky   un poème au grand cœur quand il a fait sa vie dort son sommeil sous une humble pelouse*   *Baudelaire





  un poème pour les médias c’est rien de rien de rien de rien c’est comme Pluton la planète oubliée c’est (pardonnez ma langue verte) le trou du cul du système solaire*   *Joachim Montessino  





un poème à la fin des fins se retourne comme un gant sur l’inconnu





      MISTRAL





    C’est Mistral – le vent pas le bonhomme – Qui écrit ce soir Mon poème





  Pas un nuage – ni amoureux ni en pantalon Pas un langage – qui prendrait feu –  





Mais sur vélin Pur chiffon d’Arches Cette pelote de mots  





Elle va de ci de là Sur la pelouse de poussière Balandrín Balandran





Frêle chant Ciel de cendres Balandran Balandrín





Pour nos morts Et pour les Égarés    

     


	

LE GOÛT DES MO(R)TS

 
Le goût des mots 
Toujours nouveaux
Toujours manquants
Ou disparus
 
Les distingués
Les putassiers
 
Le goût des nuances
Fixées par l’écrit
Suggérées par la langue
Qui parle au papier
Comme Montaigne le dit
En ses Essais
 
On parlécrit
En murmurant Verlaine et Valéry
Tout ce qui nous fait du bien
Dans la voix des poésies
Du moindre brin de paille dans l’étable
Au toit tranquille où picoraient des focs
 
Toujours nouveaux
Toujours épris
De créations verbales :
Je me recroquemitoufle
Je t’rêve
Je t’raime
Je t’arc-en-ciel
Je tramway nommé désir
 
Le désir de tout dire
Et je manque de mots
Le désir de se taire
Pour penser à ses morts
 
Le goût des mots
Le don des morts
Désormais vivants
Uniquement sur nos lèvres
Et dans la manière folle
De leur écrire
En langue belle
 
(il faudrait continuer)
 
 
je me recroquemitoufle (chanson auteurs : Amade, Delanoé, compositeur Bécaud)
je t'rêve (Dorio éditions Rafael de Surtis)
je t'raime (titre d'une toile peinte par Hérold)
le tout est de tout dire et je manque de mots (Eluard)