SI PAR UN MOIS DE FÉVRIER DE L’AN 2015

Si par une nuit d'hiver, nous promenant dans nos paradis sans paradis,
nous donnons le change sur le luth désaccordé de notre étoile morte.
En naviguant jusqu'à la fin, sur le fleuve de l'oubli et des réminiscences.


Aux voyelles passées à l’as
Des enfants perdus des banlieues
Enfermés dans leur drôl’ de sas
Je laisse cette craie des murs
De la Sorbonne et de Jussieu

En cet hiver deux mille quinze
Je JJ Dorio qui gît
Aile arrachée pigeon berzingue
Picorant mes pages d’argile
Sur les maux de la société

Je par ci Je par là Je co
Gite Je suis René Descartes
Je m’enflamme Je mets le feu
Aux fausses lettres et au paraître
En proclamant Je est un autre


Je m’appelle Einstein on the beach
Je suis la chaise de Justice
Le coquillage millénaire
Dans l'oreille des poésies
Breton Soupault Bois et Charbon

Je suis le poème rêvé
Et la main en chair et en os
Qui l’engendra sur le papier
Et sur la peau du monde mort
Qui renaît sur un coup de dés


Je suis Nostalgie du présent
Scansion rythme événements
Mis à l’écart Mis en abyme


J’AIME L’ALLURE POÉTIQUE

hypnographies la main parle à la page




Dès ma première enfance, la poésie a eu cela,

de me transpercer et me transporter.

J’aime l’allure poétique

À sauts et à gambades.

MONTAIGNE





Sur l’ardoise, ce coup de craie.

Et toc, toc, toc, cette musique

que faisaient nos mains écolières.

Jouant avec Calcul Mental

et les dictées des Homonymes.

Encadrée d’un bois, où nos noms

figuraient, c’était notre instit-

tutrice de très vieille roche.

Quel plaisir de relire Ponge !





Nul fanal. Ni conseils. Ni rage

d’écriture. Un petit feu

de braises maintenu mot à mot,

L’allure poétique à sauts

et à gambades.* L’autre scène,

Essais toujours en mouvement.

Paroles écrites. Morceaux

épars de notre palimpseste.

Pensées, pesées paradoxales.

Pavés phénix de 68.

Paroles effacées des murs,

Mais toujours vives en nos cœurs.





Systoles, diastoles, Saveurs.

Poésie, en ce monde qui nie

la cohérence aventureuse**,

se lit sans bruit, à contre-voix,

relie le souffle de Tchouang Tseu

aux Margeries de Jean Tardieu.





Contre la prose, morne plaine

de la marchandisation,

le verbe créateur des enfants du limon.***





** Roger Caillois

à propos des Collages surréalistes

***Raymond Queneau

Roman 1938

JANVIER DÉCLINE SES SEPT PREMIERS JOURS





                               2011

Essais répétitifs d’alexandrins labiles





Mon premier vers le jour de l’an ouvre ses pas.

Un doux combat. Ainsi les mots se frottent aux choses.

Et le Sujet ? Soi comme un autre… animal !

En éveil, aux aguets, Sois ce fou qui dit vrai,

Cet oiseau de passage oubliant son destin.

Flux et reflux, encre et lavis, noirceur lumière,

Septième jour shabbat. Dieu nettoie ses outils.





                                 2012

Hendécasyllabes :

à travers le boitillement si neuf du vers de onze syllabes

Jean-Pierre Richard (Pêle-mêle)





Ce lieu tranquille où la vie entre les lignes

Passe sur un papier muet qui attend
L’image inattendue ou la citation
Ouvertes sur la musique de nos livres.
Je réveille le vieil hendécasyllabe
Qui ne sait désormais sur quel pied danser.
Subsister, persister : faire sûrement
Sa retraite. Savoir être à soi dit (Montaigne)





                                    2013

une année vouée aux décasyllabes





C’est le premier janvier deux mille treize

Sur cet agenda du Métropoli

tan museum of art : la mort n’y mord*

Une année vouée aux décasyllabes

Marcher sauvagement sur des sentiers

de traverse Il n’est meilleur souhait

que celui que l’on transmet sans rien dire

*Clément Marot




                                      2014

Les vagues ennéasyllabes mystérieux.

(Paul Valéry, Lettres à quelques-uns, 1945)





Vers impair ennéasyllabique

Tous les vers impairs manquent d’un centre

fixe et, par là, blessent le senti

ment naturel de la symétrie

qui est en nous. Ah ! ces chers gloseurs

Ah ! Verlaine et ton art poétique

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.





                            2015

il rêvait qu’il traversait le Pont des Arts                           

un livre d’octosyllabes sous le bras





Où je suis né on me l’a dit*

Mais ceux-là même sont partis

depuis longtemps hélas. Mon père,

ma mère, essentiellement.

Dans une maison de village,

face à l’église qui sonnait

mâtines, midi, l’angélus.

*Georges Perros





                               2016

Un homme très savant, un professeur de poésie symboliste.

Il pourrait vous rédiger des prospectus en heptasyllabes.

Raymond Queneau (Le vol d’Icare)





Tout cela n’est pas sérieux

C’est ce qui fait son enjeu

Son adresse- au lecteur.

Nul objet ne s’y présente

Ni mimosa Ni éponge

Et pour comble de malice

Le sujet qui tient la plume

(Est resté dans la coulisse.)





                                  2017

le rythme de l’hexasyllabe est du même modèle

que celui de l’hémistiche de l’alexandrin





Dimanche jour premier

La manche est tirée

Cachant la main le poing

L’aube point à la ligne

Mots sortis de la bourse

Du bon père Larousse

Les petits parachutes

(Dans les pissenlits)





                                       2018            

C’est cinq cette année

C’est pentasyllabes





Tu es tu n’es pas

Signes sur la page

La prose du monde

Et toi à l’écart

Tu es la voix autre

Le secret des marges*

Tu n’es pas celui

(Que les autres voient)

*Dorio (Editions Rafaël de Surtis)








                                                     2019

l’emploi du tétrasyllabe est très rare

mais on peut citer les « Djinns » d’Hugo

(troisième et antépénultième strophe)





Tu recommences

Mais cette nuit

Tu écris en bleu

Tu lis un livre

D’anthologie

De coqlicots

Et de bleuets





                                                2020





le trisyllabe est plutôt lié

à un effet soit satirique,

soit plaisant…





Il ne sert

À rien

D’expliquer

Dorio

Dans le texte

Dorio

(A’Xist’pas)





(n’oubliez pas les diérèses)