JE NE SAIS PLUS

	Je ne sais plus si la haie d’aubépine était blanche ou rose.
	Je ne sais plus si après la pluie, mon parapluie refermé, je dis zut zut zut  ou  flic floc flac.
	Je ne sais plus si elle s’appelait Gilberte ou Albertine.
	Je ne sais plus qui a dit que ce serait un contre-sens complet que de réduire ma Recherche à une sorte de refuge dans le souvenir.
	Je ne sais plus qu’elle est donc cette chose qui, déjà triste dans le bonheur, reste heureuse dans la tristesse.
	Je ne sais plus si c’est Swann ou Madame Verdurin qui, un soir, me dit :  N’est-ce pas que c’est beau, cette Sonate de Vinteuil. 
	Mais maintenant je sais que cette fameuse sonate jouée dans l’obscurité,  pour mieux voir s’éclairer les choses, c’était, cent ans après c’est facile de le vérifier, la 14° de Beethoven.
Odette avec son accent imitable aurait dit, s’il vous plaît, rejouez-moi, Moonligth.  




LES JAMAIS RACONTÉS






Les Jamais Racontés, les Swan et les Odette.
Les lectrices et les lecteurs qui passent sur mon blog.
Les Montaigne et les Tchouang Tseu avec qui j’accumule les dettes.
Les cosaques zaporogues, ivrognes, pieux et larrons, aux steppes et au décalogue. 1
Les amoureux fervents et les savants austères. 2
Nerval l’Inconsolé, les Chats de Baudelaire.
Les gens de toute taille qui passent à la télé.
Etc, etc.
Il est temps que de cette liste je me taille.

1 Apollinaire 2 Baudelaire