CHAQUE PAGE BLANCHE M’EST INCERTITUDE

CHAQUE PAGE BLANCHE  
m’est incertitude Mais sans garantie aucune je m’y lance pour pratiquer cette action insensée : mesurer l’impact des mots qui vont s’écrire sur mes affects mes idées d’un instant qui ne font que passer Au hasard d’une nécessité ? Je ne sais…mais j’essaie de la laisser se composer Page blanche, vierge et vivace en ses attraits Et puis perdue dans un vol trop heurté ou quelquefois dotée d’un charme mystérieux Celle-ci, comme bien d’autres aura été pour le moins esquissée transférant les incertitudes qui me nourrissent de la main au papier.


Un nouveau dictionnaire à part moi page 28
Avec l'ajout d'une hypnographie




Une autre page éphémère donnée uniquement sur mon blog poésie mode d'emploi 

DEVANT LA PAGE PERSONNE

morceaux tissés d’une attention formelle
mais sans se formaliser outre mesure

peignant le passage d’un mot à un autre
lambeaux cousus d’ontologie héraclitéenne
d’atomes dansant la gigue
la maclotte qui sautille
la marelle terre ciel
des petites filles en fleurs

au point que ce texte
puisse donner l’impression
d’un mélange de doctrines diverses
d’un doute sur la philosophie
qui vraiment le soutient

le pinceau qui le peint
le pain de seigle, d’orge
qui le nourrit

la pression du noir
sur la page
jadis blanche…

LA FORME POÈME

« Le poème que nous donne la poésie n’a pas de forme ni de contenu, il est la forme et le contenu » Jean-Marie Corbusier (Le journal des poètes)

La forme poème 
Une page blanche
la dicte
au stylo noir

L’enfant que j’étais
les recopiait
sur un cahier de poésies
leur faisait
des dessins coloriés
et les apprenait
par cœur

Le temps a passé
toute une vie
bientôt

et je continue
après la page blanche
une autre page blanche

celle-là est jaune
d’ailleurs

comme les Amours
d’un certain Tristan

La forme poème
Un mélange de vide
et d’entêtement

Martigues 14 décembre 2023

QUE RESTE-T-IL DE NOS POÉSIES ?

En retrait et en tension

Au seuil de cette écriture

Aussi maladroite soit-elle

Il y a longtemps que je n’en ai pas fait, sous la lampe 1 comme il se doit (taratata). Je vais la dédier au peuple ukrainien, à la sale guerre qu’ils subissent, à leurs enfants et bébés morts pour rien. Sous la lampe des anciens préposés à affronter page blanche, soleil noir, sort atroce des poètes du spleen et du guignon. Mon poème voilà, il a le goût d’un quignon baudelairien, loin du prestige des artistes qui s’épanchent à la télévision. Je le ronge, je le mâche, je cache ses déchets sous une métaphore, fleur absente de tout bouquet. Il y a longtemps que je n’en avais pas écrit, agité l’éventail des poètes maudits qui écrivaient, en connaissance de cause, pantoums (négligés) et élégies, envols de Phœnix rebelles… et fuyant l’incendie.

1 « Le lait de la lampe s’évade dans les cendres, il écrit, s’arcboute… » Jean Louis Rambour L’éphémère capture

Martigues 21/08/2022

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

HOQUETS ET RIME ÉQUIVOQUÉE

Dans mes poèmes j’avance si lentement que je rends souvent page blanche

Me promenant rêveur entre les lignes
Ou posant fier comme un dernier Abencerage
(un rappel si je ne m’abuse de Chateaubriand)

Dans mes poèmes blablabla
Où je m’embarque sans biscuit
À l’heure du berger
Au milieu de la nuit

Bâtons rompus entremêlés
Un dernier coup sur la peau de mon tambour
Ratapampan 
Derniers hoquets
Ultime rime équivoquée



ON N’EST PAS SÉRIEUX





On n’est pas sérieux

quand on a sept fois dix ans

et que l’on aligne encor

des vers de mirliton





dans son lit entre deux sommes

sur son rocher anglo-normand

du haut de son cimetière marin

ou au ras des flots de la plage de la Corniche





On n’est pas sérieux

au milieu de la forêt obscure

de la vie d’un innocent gribouilleur

qui passe ses nuits à noircir de la copie





mais qui au matin

se retrouve marri

devant sa page blanche