LECTOR IN PARAÏSO

C’est toi qui le liras…le relieras au dévoreur de livres…doigt et lèvres marqués du sang noir de l’imprimeur…

Ou bien tu seras ce lecteur en alerte… à l’affût…qui ne sachant pas d’où va venir le gibier… s’efforce d’instaurer une patiente d’alchimiste… points en suspens…et contrepoints des arrêts sur images…

Lecteur boulimique et retenu…le doigt suivant la ligne… puis les yeux fermés prolongeant la rumeur du monde des signes…le cœur au ralenti…ou saisi d’une frénésie sauvage…

Tu poursuis le rêve insensé d’échanger avec ton LECTOR IN PARAÏSO quelque sortilège verbal…de le multiplier (sic) en nos voix communes et singulières

En des textes labyrinthiques cherchant l’au-delà de jours fracassés par l’actualité

Si par une nuit d’octobre lire c’est aller à la rencontre d’une chose qui va exister

LECTOR IN PARAISO Encres Vives collection Encres blanches n° 155 juin 2004

Réécriture 8 octobre 2025

LECTOR IN PARAÏSO le photographe a mangé le LECTOR

PRÉSENT DU PARADIS

Comme des vœux

D’un  nouvel an

Un bout à  bout

De but en blanc

Debout les morts

Et les vivants

De but en blanc

Je te le dis

Tu n’iras pas au paradis

Le paradis n’existe pas

Ou bien c’est ici

Et maintenant

Qu’il faut en faire

Un présent

Un viatique

Pour chaque jour

Du nouvel an

Bon vent

CE QUE N’EST PAS ET CE QU’EST UN POÈME

Fantaisie

Ce n’est pas une pierre sur Mars

C’est un caillou dans la chaussure

Ce n’est pas le mont de Vénus

C’est Vénus sortant de l’écume

Ce n’est pas des macaronis

C’est un plat de pâtes al dente

Ce n’est pas un roman de Flaubert

C’est le Paradis et l’Enfer de Dante

Ce n’est pas une goutte de mercure

C’est une goutte d’eau de vie

Ce n’est pas une vielle de gambe

C’est un orgue de barbarie

Ce n’est pas une vieille rombière

C’est une vieille femme indigne

Ce n’est pas une coquille de noix

C’est ce qu’il y a à l’intérieur d’une noix

Ce n’est pas cette liste à la noix

C’est un poème quaxiste pas

LES VRAIS PARADIS

Je viens de relire deux pages écrites au crayon dans le tgv qui nous amenait d’Aix en Provence à Paris 
Il y a des images vues du train
Il y a des allusions aux livres que nous lisions
Toi le dernier Vargas avec le personnage d’Adamsberg dont tu raffolais
Moi des nouvelles tournant autour de bistrots parisiens
De temps en temps ai-je écrit nous joignons nos mains
En recopiant cet extrait je relie maintenant ces instants vécus à la minute présente :
le silence d’une chambre
l’impossibilité de revivre ces instants précieux avec toi qui as rejoint ta nuit définitive
et cette phrase proustienne résumant le tout
mais que je tords un peu :
Les vrais paradis sont les paradis qu’on a vécus / perdus.

Martigues 7 février 2024

NI D’ÈVE NI D’ADAM

NI D’ÈVE NI D’ADAM ne suis connu Et pourtant j’ai écrit quatre recueils d’Encres Vives (format A4, 16 pages) sur le Paradis Présents de paradis, un été Éphémère paradis, l’automne suivant, Lector in Paraiso, au printemps et pour clore le cycle Petites feuilles de paradis, un hiver. Pour 3 des couvertures, j’ai eu droit à l’illustration exceptionnelle de Claude Brugeilles. J’ai eu deux ou trois lecteurs, par ci par là, mais à ma connaissance aucun Adam, ni aucune Ève, ne se sont manifestés. Et Dieu dans tout ça ?

noir sur blanc un paradis impromptu