Un titre bateau dont il vaut mieux faire mumuse que d'en refuser la gageure
Songeries devant ce tableau ancien fait de rose et d'or
Avec figures absentes comme on disait alors
Songeries sans piper mot
Ce n'est que longtemps après que l'on en parle au papier
en laissant dans le flou leurs images
On songe soit dit en passant que le Ponge du Parti pris des Choses
aurait rageusement mis au panier cette page
Tag Archives: Ponge
ÉCRIRE OU COMMENT DIRE ?
Écrire : tentative d’accroître son identité ?
On peut le dire ainsi,
Y compris s’il s’agit de choses écrites à la manière de Francis Ponge : on est alors l’espace d’un texte cageot, verre d’eau, crevette, voire, figue de paroles.
Écrire des notes de bas de pages pour subsister ou donner le change quand on doit maquiller son identité, juif à Trieste ou dans le ghetto de Varsovie.
Écrire au facteur pour qu’il accélère sa tournée quand seul, isolé, en milieu hostile, on reçoit des lettres du monde entier qui parlent, d'amour et de fraternité.
***
Une suite d’une correspondante depuis son petit bout du monde
Je vous écris d’un petit bout du monde.
Ici, inutile de presser le facteur comme une orange,
La lettre pourrait arriver, en quatre jours, de l’autre bout de la planète bleue.
Hélas, il ne suffit pas d’attendre que votre correspondant réponde.
Si, en train, nous avons le choix entre deux classes,
en poste, seule change la durée du voyage.
Les lettres du monde entier qui parlent, d’amour et de fraternité prennent leur temps
Dominique C.
UNE PERTE MOMENTANÉE DE MON LIVRE DES SONNETS
à André Bellatorre
Une perte momentanée de mon livre des Sonnets
Et c’est la nuit baroque que je décroche de mon porte-manteau
Comme une fable jamais desservie sur le tapis des coups de dés
Coups innocents ou coups fatals
C’est le Soleil cou coupé d’Apollinaire
Et les oiseaux de Francis Ponge qui glissent
Sur le parquet ciré du salon sans murs de l’Idole noire
Et ce sont les « stances à l’inconstance »
Où cette fille de l’air de cent plumes couverte
Qui de serf que j’étais m’a mis en liberté 1
Lucidité sans formes scintillations à tous les vents ! 2
C’est l’esprit du baroque qui m’emporte béat
Ouvrant ainsi l’inexprimable et l’indicible
Submergés par ces vers écrits les yeux fermés
1 Etienne Durand (1586 ? 1618) 2 Francis Ponge (1889-1988) La nuit baroque
UN LIVRE SAVON
Ce livre entre les mains m’échappe absolument
Me glisse entre les doigts tel le savon de Ponge
Silence sur la page je ne vois plus les mots
C’est de la bouillie pour les chats et les chiots
Une sorte de lave qui ma cervelle ronge
Un coup porté à Teste de monsieur Valéry
Cultivant l’art des restes et des amphigouris
(le reste dans la marge est hélas illisible)
JE ME PERDS DANS MA PAGE
JE ME PERDS DANS LA PAGE des partis pris de Ponge de l’huître au gosier de nacre et de son obsession pour la tiare bâtarde Je me perds dans Michaux Cloué au lit par une méchante fracture me voilà inventant toute une cavalerie qui passe après la bataille Je me perds dans l’ange sombre de la Melancholia d’Albert Dürer mélas : noir kholè : bile Obscurités non obscures Je me perds dans l’éternité retrouvée la mer allée avec le soleil le pavé disjoint de la cour de l’hôtel de Guermantes Je me perds pour mieux me retrouver dans les pages de Ponge faisant face avec Michaux à ce qui se dérobe le soleil noir de la mélancolie l’éternité de Rimbaud la vocation révélée au narrateur de la Recherche

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