La vie au mot à mot
Douleur et joie confondus
Du berceau en osier
À la pierre du tombeau
.
Scintillements discrets
La planète poésie
En abîme
.
Ma chère Réalité
Je t’écris en rêvant ce poème
À couper au couteau
.
Ne me demande pas pourquoi
.
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
La vie au mot à mot
Douleur et joie confondus
Du berceau en osier
À la pierre du tombeau
.
Scintillements discrets
La planète poésie
En abîme
.
Ma chère Réalité
Je t’écris en rêvant ce poème
À couper au couteau
.
Ne me demande pas pourquoi
.
Le geste et la parole
Et la main qui écrit
Et qui mime le monde
L’agent agissant l’agi
Le parlant la parole
Et le souffle des mots
Et le démon du rythme
Qui peut donner l’illusion
De dire vrai
Ou dire n’importe quoi
C’est le dilemme
Entre la Môme Néant
Et la Môme Imagination
Qui chante la réalité
Et c’est la forme
Qui nous reste habituellement
Invisible celle du Temps
Oui c’est la recherche de cet espèce d’espace
sonnant et trébuchant
Que le pape du surréalisme appelait
l’or du temps
À la gare Saint Lazare, « salle des pas perdus », j’ai retrouvé l’exemplaire de la Recherche, que je croyais avoir égaré dans la cour de la Sorbonne. C’est ce qu’un critique littéraire fort connu aurait appelé « donner de la fiction à la réalité ».
L’imagination n’est pas contrairement à l’étymologie, la faculté de former des images de la réalité. Elle est la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité.
Gaston Bachelard
DE L’IMAGINATION
36
Vivre sans imaginer une vie autre c’est vivoter, mais l’imagination mise à toutes les sauces sans l’expérience de sa propre vie c’est une voie sans issue, c’est tirer de la poudre aux moineaux, prendre des lanternes pour des vessies, ne pas savoir à quel clou pendre sa lampe qui éclaire nos nuits. J’imagine qu’en disant tout cela je n’ai pas aidé mes dix-sept lecteurs qui ne sont pas tombés de la dernière pluie, même si passant entre les gouttes, ils ont tout loisir d’imaginer une suite et de l’écrire en vis-à-vis, noir sur blanc.
Rien n’était écrit
(travail en cours)
J’imagine Montaigne sur le cheval du temps à sauts et à gambades
J’imagine Mallarmé remodelant sans cesse son pitre châtié
J’imagine Tristan Corbière écrivant après chaque marée sur la plage des Amours jaunes
J’imagine Tardieu monsieur Jean qui danse le tango avec la Môme Néant
J’imagine mes amis Claude et Jacqueline l’une au jardin d’Alice poussant l’escarpolette du temps suspendu, l’autre faisant et défaisant sa cibiche de papier païs
J’imagine les Images que la lecture d’un poème nous donne et qui nous touche en profondeur parce que nous aurions pu les créer
être parlant et résonnant
J’imagine sans fin tant que vivrai
tant que vie vraie nous est permise en faits et dits
en chansons en accords
Et puis est-ce nous qui imaginons
ou sommes-nous imaginés ?

Des vies qui se sont perdues en chemin
Vies de poètes dont la biographie est disséminée dans leurs vers
Des vies dont on ne connaît ni le début ni la fin
mais que l’on écrit
comme des rêves en forme de naufrages
Des vies sur le mode quantique
où l’on ne peut savoir
à la lecture d’une fiction
si elle croise le réel
ou non
J’ai passé un bon moment
cette nuit
à écrire
ce morceau de vie
inutile
Martigues 19 décembre 2023