Il était vieux, la vérité était devenue plus étrange encore que ses fictions… Salman Rushdie Quichotte Je tisse un canevas De Commedia del Arte Je lis Casanova Franc-maçon libertin Poursuivant sur Arte Gentes dames et catins Une fille sous le pont Exalte la rime d’Hugo Ô lavandière incendiaire Dit-il frais barbouilleur C’est léger gai et tendre C’était du temps que j’étais jeune Ecrit-il avec maladresse Vieil homme Sois indulgent Et si tu en es encor capable Sur ta lettre à la bonne adresse Ecris donc un post-scriptum
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UNE FICTION brume insensée où l’on cherche son inspiration 35, 36, 37
trente-cinq
EN CE MOMENT J’ÉCRIS COMME JE RESPIRE. Et je respire selon l’attention que je porte à ma respiration. La plupart du temps, aucune.
Mais la nuit, en revanche, après avoir passé une heure à écrire comme je respire, toujours au lit et appuyé sur mon oreiller, quand j’arrête le flux, éteins la lampe de chevet, je m’aide pour tâcher de me rendormir, de l’attention que je porte alors à ma respiration (inspiration, expiration), faisant ainsi barrage aux pensées qui essaient de traverser mon esprit.
-Alors, avant de plonger dans ton sommeil qu’as-tu écrit cette nuit ?
J’ai écrit ce que personne ne lira jamais dans les écoles.
J’ai écrit, comme je les ai lus, plusieurs textes en un, ouverts à l’interprétation et aux malentendus.
J’ai puisé de mémoire dans mon rouleau de citations long comme les Champs Élysées un 14 juillet.
J’ai écrit comme je respire et sans masque à papier.
trente-six
JE ME RÉVEILLE, ce vendredi 2 octobre 2020, et je n’ose ouvrir mes volets, car j’entends le vent de la mer, prélude à une tempête.
Aussi, avant d’avaler mon petit déjeuner, j’avale les phrases d’un romancier catalan écrites en espagnol (castellano), extraites d’un roman dont le titre est puisé dans le début d’un vers de Raymond Queneau.
Non l’original « cette brume insensée », mais sa traduction.
Je lis, laissant aller, m’amusant des embrouillaminis dessinés par ce narrateur fictif, qui pour vivre, au sens littéral de gagner sa croûte, fait deux métiers à nul autre pareils.
1 Celui de « traducteur préalable », il prévoit les difficultés de traductions, qu’il envoie au traducteur vedette, dont le nom paraîtra sur la première page.
2 Celui de fournir des citations (son dada), toujours de manière subalterne, à un auteur « star » de la- littérature-qui- se-vend.
Bon, il est temps d’ouvrir mes volets parme, et d’éviter, le temps de refermer ma fenêtre, la bourrasque.
trente-sept
C’EST QUAND ON EST PERDU dans une forêt ou un texte touffu, que l’on fait appel à un souvenir heureux, une maxime, une citation, un instant précieux que l’on vécut comme une épiphanie.
Je sais bien que ce début fait un peu charabia mais je l’ai écrit. Et en l’écrivant, j’ai entendu « le mobile » qui m’annonçait un nouveau message :
Le romancier ne doit pas être un donneur de leçons, mais à partir de ce qu’il « détecte », poser
les bonnes questions. »
Je traduis de l’espagnol une phrase supposée dite par l’auteur « d’Orange Mécanique ».
-Gracias Enric, te contesto muy pronto. (Merci Henri, je te réponds bientôt)
Ça a été ma première idée d’un e-mail immédiat, mais réflexion faite, et compte tenu de la situation
brumeuse dans laquelle j’étais pris, j’ai ricoché vers mon vieux Queneau. (vieux comme un breuvage
qui s’améliore avec l’âge). Et, hasard des recherches, j’ai fait d’une pierre deux coups.
« Cette brume insensée où s’agitent des ombres, comment pourrais-je l’éclairer ? »
La phrase écrite par Raymond Queneau est mise en exergue par Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance 1975, et par Enrique Vila-Matas, qui, de plus, a fait des trois premiers mots, le titre de son roman « Esta bruma insensata » 2019.
SALLE DES PROFS (1)
SALLE DES PROFS, Gilles E., tout en fumant son cigare tordu (toscan), raconte la dernière blague belge, qu’il a entendu au bar du 14 juillet, hier soir. Mais, allez savoir pourquoi, ce matin, elle tombe à plat.
Liliane B., enchaîne alors, sur le dernier numéro du Débat. Il est traversé par l’analyse, (contradictoire, comme il se doit), du dernier « roman », «à la mode », « qui se vend comme des petits pains ». (Que de guillemets !).
C’est le bouquin, où, (pour aller droit au fait majeur), un musulman est élu président de la République Française. Une histoire, où, « les trois plans disponibles dans le jeu de la fiction, le personnage, le narrateur et l’auteur, est devenu un cas d’école ». Impossible de démêler l’un de l’autre. C’est la cause peut-être de son succès, ce qui révulse notre collègue, et qui confirme, selon elle, la « houellebecquisation » de la société.
À ce moment la cloche sonne, nous libérant d’une confrontation, qui, quand nous reverrons, s’annonce « musclée ».
« On nomme littérature, la fragilité de l’Histoire », …et de ces acteurs, fictionnels ou non.
citations : Pascal Ory « Ce que dit Charlie », Patrick Boucheron « Prendre dates »
DONNER DE LA FICTION À LA RÉALITÉ
UN DICTIONNAIRE À PART SOI
CHOIX
Si je devais choisir entre La flagellation de Piero (della Francesca) et Guernica de Picasso (Pablo Ruiz), il n’y aurait pas photo. Seule la première œuvre pourrait entrer dans mon deux pièces.
CLIGNOTANT
Je lis sur mon livre actuel de chevet qu’un moniteur d’auto-école hurlait à son élève à chaque tournant « la flèche monsieur, la flèche ! ». Je me souviens alors que cette flèche ou plutôt le clignotant fut cause de mon échec, le seul il est vrai, à obtenir « mon permis. » C’était dans la bonne ville d’Auch, où je vécus trois ans à l’école normale d’instituteurs. L’examinateur me fit arrêter sur un espace à ma droite, mais quand je redémarrai, j’oubliai tout bonnement, mon clignotant du côté droit. Comble d’ironie, l’auteur du passage du livre qui m’a rappelé ce récit, ajoute que dans ces années-là, « La Flèche » était un « journal de gauche, mais intelligent » (sic).
RETROUVER
À la gare Saint Lazare, « salle des pas perdus », j’ai retrouvé l’exemplaire de la Recherche, que je croyais avoir égaré dans la cour de la Sorbonne. C’est ce qu’un critique littéraire fort connu aurait appelé « donner de la fiction à la réalité ».
PIANO
Je m’y mets chaque jour, et plutôt deux fois qu’une. À proprement parler, je ne sais pas lire la musique. Mais je sais plaquer les accords des chansons, ou de petites pièces jazzy, que j’ai transposés à partir de ceux appris sur ma guitare. J’improvise, je fais plus ou moins de bruit, et ne casse les oreilles de personne, les photos qui m’entourent faisant seules office de spectateurs. Mais je prends du plaisir et grâce à Philippe Bruguière, du Petit Mas, j’ai pu faire le saut de mon piano à son studio, et enregistrer trois cd signés Jean Jacques Dorio.

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