LE TEMPS l’arcane majeur





Le temps pour le poème

est l’arcane majeur





Le temps refiguré

dans une métaphore





Le temps désaliéné

« les promesses de l’aube »

brisées mais non perdues

dans un dire têtu

ni le même ni l’autre





Le temps des nuits entières

qui sonne sans raison

mais non sans résonances

L’horizon de lectures

d’une intranquillité

qui nous tue et rassure





Le temps qui nous murmure

La mémoire et l’oubli

L’amour des fatrasies

Et la sérénité





manuscrit « tel quel » nuit du 26 novembre 2020
le temps arcane majeur

	

L’AUBE GRISE L’AUBE BLEUE













un poème écrit
à l’aube de ce jour
29 mai 2020
en vers trisyllabiques
dit par son auteur


L’aube grise
l’aube bleue
la méprise
Lao-Tseu

La douleur
retenue
la douceur
ingénue

Le travail
d’écriture
Hokusaï
la Nature

La souffrance
le remords
le silence
de nos morts

L’aube rouge
le vin noir
à Montrouge
chez Nadar

La pitié
la manière
psalmodier
Baudelaire

Le passage
d’un poème
dans la marge
où l’on aime
le langage
des promesses

(trisyllabes du mois de mai 2020)








mis en chanson
jj dorio

SILLONS TRISYLLABIQUES

année 2020

dite des devins

indication :

lire des yeux puis de la voix  ces textes écrits en trisyllabes

le lecteur idéal laisse le texte capter tout son présent          

n’oubliez pas les diérèses.

Janvier

PAROLES SANS ROMANCES TRACÉES À LA POINTE FINE

Il ne sert  à rien  d’expliquer  Dorio  dans le texte  Dorio  n’exist’pas  mais il trace  des sillons  en passant une araire  pointe fine  va et vient  de paroles  sans romances  Il ne sert  à rien  sur la page  des fragments qui se perdent  roue errante  d’une main  du tressage  sans dressage La sibylle  peut bien rire les idylles  et rondeaux  s’en aller  Je persiste  et je signe

Février

SOLITAIRES SOLIDAIRES DES RAISONS ET DES RIMES

Février  découpé  en vingt neuf  vers sans rimes  à jets d’encre  sur la page  puis clavier  pour l’écran Février  cette année  apporta corona  un virus  une grippe  pas d’Espagne  mais de Chine  Tchin tchin tchin Qu’opposer  à la mort  si ce n’est  la richesse  d’exister  avec et pour  nos semblables  solitaires  solidaires des raisons  et des rimes chuchotées

Mars

POÈMES DE COVID EN RÉA POÉTIQUE

Tout oublier phrases cul par-dessus gentillesse tout ouvrir à ton bic laissé seul sur la page Mon hôtesse tout futur enjambant passerelle au-dessus de l’abîme Tout connaître du regard des mourant.e.s à la douane du grand soir Tout écrire en réa poétique des poèmes de covid des patient.e.s aimables qui sourient avant de trépasser Tout ainsi qui passa

Avril

FANTAISIES D’INSOMNIES

Connerie c’est la guerre tragédie c’est Corneille Tu l’as dit c’est Bouffi comédie c’est Molière c’est parti mon kiki ouistitis c’est au zoo ou c’est pour la photo ‘piphanie dans le gâteau des rois hélianthes tournesols du Midi Tout ceci je l’écris dans mon lit d’insomnie que la vie est amère dit ma mère qui s’endort Bonne nuit

DE LA BELLE AUBE AU TRISTE SOIR





Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir

Guillaume Apollinaire





l’aube est là

il fallut démêler

les fils noirs de la nuit

ce ne fut pas sans peine





l’aube est là

timide et grise

mais le jaune mimosa

toque au volet





l’aube est là

sur le journal de bord

éclairé par les braises

du premier feu





l’aube est là

dans le torrent

la roue à aubes

que tu poussais

pour la dernière fois

il y a cinq ans





l’aube est là

ce serait extraordinaire

qu’un autre humain

de la planète Terre

au même instant

écrivit

l’aube est là





l’aube est là

à l’heure où blanchit

la campagne

du côté de Harfleur





l’aube est là

sans métaphore

aurore de paroles 





une femme t’appelle

qui n’est plus là





ta ligne reste en suspens

brisée par la chanson

du mal aimé





de la belle aube

au triste soir 


	

COMMENT DIRAIS-JE ?





Comment dirais-je ?

J’en dirai un peu plus

J’en dirai autrement

Avec la latitude

que l’on attribuait

naguère

aux « poètes »





Comment dirais-je

ce moment où la nuit

bifurque vers le jour ?

Je dirais

aurore aux doigts roses

Je dirais

une aube affaiblie

verse par les champs

la mélancolie

des soleils couchants





Comment dirais-je ?

Je dirais avec les mots de tous

et de chacun

mais reprisés

remis en circulation

par des images nouvelles

à parfaire

et toujours dans l’inachevé









aurore d’Homère

aube de Verlaine

06/02/2020

L’AUBE EST LÀ (2)





à l’heure où blanchit la campagne

Victor Hugo





l’aube est là

sur ton petit doigt

teint en rose

odyssée





l’aube est là

dans la détresse

et l’angoisse des Caraquègnes

à Caracas

où tu vécus deux ans

joyeux





l’aube est là

que tu respires

exceptionnellement

de ce parfum écrit

précieux ténu éphémère merveilleux





l’aube est là

sans métaphore





l’aube est là

une femme t’appelle

qui n’est plus là

ta ligne reste en suspens

brisée inachevée





l’aube est là

la treizième aube

de la cinquième saison

tu ranimes le feu sous la cendre

et ranges le stylo noir qui écrivit

cette discrète symphonie






SER O ESTAR

« Hypnographie »

encre de chine sur papier kraft

Dorio

16/03/2017