ALORS ÇA MARCHE LA POÉSIE ?

Telle une île

Ce texte

écrit au ghetto

de la Cité du Livre

en sortant

des méandres

de la nuit





Entouré de silence

Paradoxal

Imaginant les retouches

De ses deux ou trois lecteurs

Qui l’annotent

Dans leur tête





Telle une île

Mise en page

Par ses acteurs

Passant

Le pont des soupirs

Les yeux bandés

Tant leur mémoire est vive

Des odeurs et des sons

Des matières peintes

Ou jetées à la fresque





Et telle la bouche d’ombre

Balbutiant

Sous l’œil des Barbares

– Alors, ça marche la poésie ?


	

JE PARLE AU PAPIER

manuscrit orné de mes hypnographies




« Le parler que j’aime c’est un parler simple et naïf,

tel sur le papier qu’à la bouche… »

Montaigne





Je parle en silence au papier journal

Il dit noir je dis blanc à contre-courant

Je lui en fais voir de toutes les couleurs





Je parle au papier comme dit Montaigne

Dans sa tour en marchant

Faisant tours et gambades





Je parle en marge de mon cahier-journal

Où j’ai préparé mes leçons

pour la reprise des classes :

Leçons de choses et autres

Comment parler de ce que l’on ignore
Comment chasser l’intrus

Comment Socrate avale la ciguë





Je parle au papier toilette

En prenant mes aises

En lisant le journal des poètes insaisissables





Je parle dans ma tête

mais c’est d’une autre parlerie

qu’il s’agit





04/01/2021

je parle au papier (et à l’enregistreur de paroles)

MOTS ARRACHÉS

manuscrit avec hypnographies




Quelques mots arrachés au silence de la nuit

L’agate les corbeaux les pensées la poussière

L’enfance de Van Gogh Descartes cogitant

Ça ne mène pas loin mais ça fait exister

L’alexandrin boiteux la rime passagère

« Ça éloigne de soi » après un vieux rêve

Où l’on revoit sa grange pleine de totems

Une faux un marteau une pierre de Rosette

L’odeur du foin coupé des plumes de corneille

Échange de regards des objets au sujet

Les mots comme arrachés ont parlé dans la tête

Mais sur la page blanche ils n’ont fait que passer





02/01/20201

quelques mots arrachés

DES BABELS DE SILENCE





Sans bouger dans la nuit

Sous la lampe notre culte

         Dans un livre de poèmes          

Nous feuilletons des terres

Des rivages et des voix

Des Babels de silence      

Aux croisements de pistes

Qui bruissent d’isthmes

Et d’intérieurs murmures





Quand le rite prend fin

Il reste quelques mots sur la page

Une forme un espace

quelques traces





Ou bien le blanc

Sur nos lèvres closes

Égarées

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AIMER L’UTOPIE

Jean Jacques Dorio

réécriture fin de l’été-automne 2020





première version imprimée

publiée par

Encres Vives n° 399

en octobre 2011





une page comme par magie

écriture et peinture 
sur le blog de Maria-Dolores Cano

à lire et découvrir en commentaire



	

VOUS ENTENDEZ ?





Ecrire sur le silence

Beaucoup s’y sont frotté

Je n’ai en tête pour l’heure

Aucun de leurs essais.





J’écris cet exercice

Sans bouger et sans heurt

Sur les touches du soir

D’un clavier silencieux.





En me taisant

Faisant silence. 

Vous entendez ?

« Silence. Le jour du silence. Y revenir. Y rentrer. Se dégageant de l’impermanence,

on retrouve…petit à petit, dans l’être calmé, progressivement réapprofondi,

la Permanence, son rayonnement, l’autre vie, la contre-vie »

Henri Michaux (Face à ce qui se dérobe)