J’ÉCRIS DE GAUCHE À DROITE





J’écris de gauche à droite

Je cherche à droite à gauche

La pierre qui roule

La mousse du temps





J’écris sur du papier

Parfois jaune souvent blanc

Je cherche et je me foule

Je bricole et j’enroule

Le mélange des sons

Qui font sens

Ou déraillent sévère





J’écris de haut en bas

J’enlyre quelques vers

Sens dessus dessous

Dans le secret des marges





Je persévère





Secret des Marges

JJ Dorio

Editions Rafael de Surtis

2011





Je suis et ne suis pas

Ces signes sur la page

L’instant ouvert au monde

Le murmure des mots

Tous proches du silence

Dans le secret des marges


	

LE FEU SECRET



Faire un poème est une fête où le rituel « organise tout le possible du langage ». Ce peut-être bref, un feu d’étincelles, ou très long, interminable. On essaie, des heures entières, d’arbitrer, en vain, les conflits permanents entre « l’oreille », le son, et « l’esprit »,  le sens.

La fête finie, que reste-il, si ce n’est ce peu de grains, sur le papier ou dans le sablier d’un recueil, que l’on dit de « poésie ».

« Et nous les os devenons sable et poudre », écrivit Villon, en forme de ballade, pour ses « frères humains », s’attendant comme lui à être pendus.

Il est un autre poète, que tout le monde a oublié, qui, filant la métaphore, se vit, lui aussi, « se la couler douce » après sa mort, dans « l’horloge de sable » :

« Le feu secret qui me rongea

En cette poudre me changea

Qui jamais ne repose. »*

*Charles de Vion, seigneur de Dalibray.