Archives de l’étiquette : fête
L’ENFANCE ÉPHÉMÈRE DE NOS JOURS DE FÊTE
« Les souvenirs d’enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie.
C’est comme un manuscrit palimpseste dont on fait reparaître les lignes par procédés chimiques. »
Gérard de Nerval
Cul par-dessus tête et roule barrique
Vaches dans le pré bouses séchées
Tuter les grillons bailler aux corneilles
Pêcher la grenouille avec le farouch
(le trèfle incarnat) accroché à l’ancre
Chanter à tue-tête le temps des cerises
Faire des cabanes et des marionnettes
Mettre un crapaud dans le bénitier
Chasser les corbeaux à coups de pétoire
Lancer les agates les boulards les billes
Jouer au béret et au jeu de barre
Pierres polies font de beaux ricochets
Patience et longueur de fil pour brodeuses
d’abeilles brodeurs de ces petits textes
en vers contre tout qu’on ne sait finir
Un conte sans fin mille et une nuits
L’enfance éternelle dans des souvenirs
purs et inventés Ciel par-dessus tête
L’enfance éphémère de nos jours de fête
KRAFTPAPPER OU LA FORCE DU PAPIER

Union des contraires
Je parle en faisant mes caractères muets
Je parle dans ma tête comme d’autres parlent au papier
Le mien d’ailleurs comme tu peux le constater n’est pas blanc
C’est du kraftpapper : littéralement, mot suédois, « force du papier ».
Le mien est cependant force tranquille, un doux bruit, traçant comme un esquif.

C’est une autre page
Bien posé sur ton oreiller, au lieu de tourner, retourner,
cherchant dans le noir le sommeil,
Tu bénéficies des lueurs de ta lampe
Tu essaies en premier lieu de tenir ferme le stylo des signes inédits
que personne d’autre que toi n’est capable de tracer
(Ce n’est qu’un constat amusé, tu ne t’appelles pas Flaubert qui prétendait
que pour faire de la Littérature comme lui, il fallait « se monter le bourrichon »)
Des traces et un élan que tu prolonges par un festival de mots
Guirlande de tes rêves provoqués

Bon jour Bon soir Bonne nuit
Je te souhaite bon jour de fête
Une école grecque encourageait ses disciples
à faire fête pour chaque jour vécu
Même dans la perte et la défaite
Te deseo buena tarde
Ces soirs de rambla ou de paseo
où avec mon Andalouse
nous promenions main dans la main
dans la rumeur bienfaisante
du farniente
Et pour la nuit déjà
Tu l’entends la redoute
Mais non Vois tes petits actes créatifs
ont desserré ses nœuds
Elle scintille
« Nuit étoilée »
23/06/2020
2h22-2h45
UN DICTIONNAIRE À PART MOI
TRAVAIL ON NE T’A PAS FAIT LA FÊTE AUJOURD’HUI

2020
AU PREMIER MAI
C’était le premier mai
pour les ouvriers
les anciens tout rongés de silicose
finissant dans une lente agonie
petit bout de poumon
par petit bout de poumon
C’était le premier mai
pour les patrons
les petits maîtres de droit divin
bénis par l’évêché
polis embaumés
avant l’heure du cercueil
C’était le premier mai
des défilés de la cocarde
et du drapeau
de l’espérance syndicaliste
reflétée dans les yeux des enfants
qui suivaient le défilé
le muguet et l’Huma de Jaurès dans la poche
même si l’on savait à peine lire
C’était le premier mai
la solidarité le bonheur garanti
à l’horizon du Grand Soir
C’était le premier mai
les mains du premier mai
serrées sur un bouquet de Fleurs d’Utopie
Et aujourd’hui premier mai
je ne sais rien ajouter de plus
Il n’y aurait pas de premier mai pour demain –
ces lendemains qui cruellement déchantèrent !
Et aujourd’hui premier mai si je ne sais que dire
je sais que faire :
la révolte sereine
contre tout homme qui exerce le pouvoir pour sa gloire
et je sais que rechercher :
la bonne vie pour les humbles
dans des institutions laïques et solidaires
“Il ne faut point dire aux fils de la terre
qu’il y a une justice toute-puissante qui rétablira l’ordre*”
…ni au Ciel ni sur Terre !
C’est le premier mai
Le premier mai qu’il ne faut pas laisser s’en aller
Malgré vents et marées
Jamais!
* Alain
ET LA FÊTE CONTINUE !
Ceux qui pieusement…
Ceux qui copieusement…
Ceux qui croient…
Ceux qui croient croire…
Ceux qui ont des plumes…
Ceux qui flottent et ne sombrent pas…
Jacques Prévert
Le beau temps est revenu
Mais tous les gens se terrent
Rue d’Rivoli Boulevard Haussmann
Il n’y a personne courant les rues
À la campagne c’est bien pis
Les blancs moutons
Bergers bergères
N’ont plus droit
À la prairie
Adieux gambades
Le cœur en fête
Tous aux abris !
Y a quelque chose de pourri
La maladie occupe l’espace
On compte les morts du Corona
C’est le virus qui provoque tout ça
Le méchant le salaud
Qui passe de peau à peau
Mais on l’aura c’est promis Si chacun reste chez soi Confiné mais pas con fini Pourvu que dans son jardin Des lettres et des mots Il échange vers à vers Les poèmes joyeux De Queneau ou d’Prévert
le titre a été piqué à Prévert mais tout lecteur qui sait faire la fête aux mots les plus simples s'en était douté