ici la trêve de nos luttes
les travaux de vannerie
des indiennes de l’ethnie
panaré* aperçues l’été
ne nos joyeux tropiques
le temps comme une flamme
noire inscrite
dans les ruines circulaires**
et notre infinie naïveté
*Venezuela 1968-70
**Borges
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour
ici la trêve de nos luttes
les travaux de vannerie
des indiennes de l’ethnie
panaré* aperçues l’été
ne nos joyeux tropiques
le temps comme une flamme
noire inscrite
dans les ruines circulaires**
et notre infinie naïveté
*Venezuela 1968-70
**Borges
le poète est allé cueillir des simples
mais la brume est épaisse
je ne peux vous dire où il se trouve au juste*
*Ji Dao (779-843) époque Tang
traduit par J.F. Billeter
le temps te dévisage
tu dévisages le temps
sans visa sans visage
le temps te dévisage
tu ne sais ce qu’il cherche
braise ou cendre
le temps te dévisage
tu as peut-être déjà quitté
ce monde
mais il semble l’ignorer
le temps te dévisage
les visages sont à tous
les miroirs à personne
le temps te dévisage
tu l’étreins tu éteins
sa flamme trop vorace
le temps te dévisage
par des sentes perdues
voyageur interdit
sans cesse tu dérobes
le temps te dévisage
tu as perdu la mémoire
des poésies rangées
dans les bibliothèques
le temps te dévisage
une femme qui parle ta langue
revient de son exil
et t’entraîne vers d’autres rivages
Je suis entré dans la vieillesse
Pas encore la vieillardise
Je suis entré dans l'âge doux
Où l'on jouit de chaque instant
Comme si c'était le dernier
Je suis entré dans la vieillesse
La messe n'est pas encor dite
Je laiss. le temps me transformer
L'enfant qui joue le rire fou
Comme si c'était le premier
Je suis entré dans la vieillesse
Folie me guide quand sagesse
Me tue Au diable les vi.eux !
Comme au bon vieux temps
Quand nous parlions littérature
-Et qu'est-ce que tu écris en ce moment?
Un petit roman sur les dernières paroles
prononcées ou écrites par la main du défunt
Comme au bon vieux temps
Quand nous parlions de nos amours
En buvant un bourgogne de derrière les fagots
Sur un cassoulet façon mère Dorio
Comme au bon vieux temps
Quand nous parlions politique
Du matérialisme des superstructures
Et de la puissance des masses
Qui s'excusaient de ne rien comprendre à nos laïus
Comme au bon vieux temps
Quand nous chantions tout notre saoul
le déserteur et le gorille
ta Cathie t'a quitté
et ce fameux trois mâts
fin comme un oiseau
Comme à la fin des temps
Quand nous ne parlions plus
Cancer du larynx
Sur notre ardoise d'écolier
Nous faisions tinter nos craies
Pour un dernier message
estos días azules y este sol de la infancia*
ces jours d'azur et ce soleil de l'enfance
*dernier vers écrit par Antonio Machado à Collioure
Un court instant
La plume court
Sur le papier
L’oiseau du temps
Va s’envoler
L’oiseau du temps
Est un oiseau rebelle
Né dans une flaque
de boue ou sur un plateau
de théâtre à l’eau de rose
Un court instant
La plume hésite
Tenue en l’air
L’oiseau de feu
N’est plus que fumée
C’est Phénix rouge
Héron pourpré
Portant sur leur ailes
Les cris de la mouette
Que personne n’entend
aquarelle 24x30cm