JE PARLE AU PAPIER DES IMAGES PLEIN LES YEUX





JE PARLE AU PAPIER
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Guillaume Apollinaire


Pastis pastiche
Ivre de nos alcools
De vers brisés
Notre eau de vie

Patchwork in progress
Travaux en cours
Pièces tissées
D’instants précieux

Je parle au papier
Des images plein les yeux
Tropes héliotropes
Soleils des nuits éveillées

Je vois beau front
Doux vis*
Visage d’un virelai

Chanson nous entraînant
En d’autres jongleries


Eustache Deschamps  (1340-1404)




après le papier je parle à l’appareil enregistreur

CRISTALLISATION


filtre à café 1



C’est la première fois que j’écris sur un filtre à café brun marron
Ça m’oblige à faire des lignes courbes et d’imaginer des mots à la place
des grains de café réduits en poudre :
Et nous les os devenons cendre et poudre. François Villon.
Recopier des vers anciens que j’ai en tête et qui viennent au hasard de mes rêveries,
m’irriguer de leurs sens toujours renouvelés.
La main écrit, s’arrête, reprend, parle, se tait,
se répète, file la métaphore,
nous conduit au-delà de ce que nous sommes et nous ne sommes pas.
 
Labyrinthe, parcours labyrinthique,
à tâtons, j’avance et je me heurte, j’interprète, je me trompe
ou je réussis, le bel hasard me guide, ou me trahit.
 
Traité des Tropes de Du Marsais, pour y voir plus clair
ou trébucher – tropezar – dit-on en Espagne.
Le tout est de se relever. Relever ses filets de voix
et de manières de dire.
Arborescences, buissonnements,
puis, ce rameau d’arbre effeuillé l’hiver,
par la mort de sa compagne,
et qui par l’opération
de l’écrit
devient cristallisation
chère à l’amour stendhalien.