LÉGÈRETÉ

Léger le trait la main légère qui suit le cœur au ralenti

Le souffle presque éteint mais qui reprend
Comme un feu couvant sous la cendre

La vie oblige à maintenir la flamme vive
Fût-ce une étincelle
La flamme d’une bougie de l’espèce fabulatrice 1

Le trait léger la main qui essaie le souffle qui se maintient

La notion de capabilité

L’invention d’une écriture présente et de passage,
vulnérable, inachevée, et sans colère

Allez rien n’est meilleur à l’âme
que de faire une âme moins triste 2


1 NANCY HUSTON 2 PAUL VERLAINE

manuscrit page de gauche

SISYPHE





Sur mes poèmes et autres écrits, comme celui-ci commençant, j’ai toujours la main. C’est dire, sans forfanterie, ma manière d’écrire sur le papier.

               Et pourtant il y a si longtemps que ma main écrit, depuis Mai 68, mes temps intempestifs, jusqu’aux temps d’aujourd’hui plus tempérants.

               De mes premiers printemps pleins de sèves jusqu’aux cheveux de neige du vieil enfant qui toujours ajoute une pièce dans le jukebox des poèmes sans fin.

               La main sur le papier lève toujours quelques paroles et murmures de personnes qui jusqu’à présent m’ignorent et de celles, l’immense minorité,  qui me sont proches et qui me lisant tentent de me dire ce qu’elles ne m’ont jamais dit.

               N’attendez pas le cimetière  Pour m’éclairer par vos paroles issues de vos nuits blanches Signé Sisyphe

PLAISIR D’ÉCRIRE ?

premier jet




PLAISIR D’ÉCRIRE ?

                Sans le plaisir d’écrire, d’abord avec la main tenant ce stylo bleu ou noir, avec sa pointe plus ou moins fine, nul texte chez moi ne naît.

                Nul texte ne s’enfante.

                Mais cependant,  ce premier jet réalisé, la plupart du temps, je m’arrête.

Plaisir d’écrire conduit trop aisément au bavardage. Le bas vardage c’est pour le pépiement, les clichés, les lettres moribondes

L’écriture, tout au contraire, se fait dans « la plume en absence » du bruit autour de soi, des certitudes, des évidences désuètes.

Cette page, par exemple, a accepté le vide, l’attente de cette voie sans personne, dont j’ignore, à cet instant précis, si elle va m’ouvrir un chemin nouveau ou me conduire à une impasse.

Soumettre ce texte au « grand  ordinateur » me permettra, de le modifier « à la marge », avec le désir d’y voir un peu plus clair.

01/02/2021

ON N'ÉCRIT PAS SANS Y LAISSER DE PLUMES




On n’écrit pas sans y laisser des plumes

Plumes d’écolier

plumes gauloises

ou sergent major

que l’on mouillait

sur son poignet

avant de suivre la ligne

des pleins et des déliés

Lundi 14 mai 2018

Morale :

il faut s’appliquer et persévérer.

On n’écrit pas sans y laisser ses plumes

de jeune oiseau piailleur

puis de vieil oiseau gouailleur

emmêlé à la fable du monde

On n’écrit pas sans ses rêves d’enfant

oiseau de vie « oiseau secret qui nous picore »*

oiseau de mort qui disparaît avec nos corps





*Supervielle





Astoria dans le quartier du Queens

New York

14 05 2018

LE TEXTE VA





Désirable ou indésirable le texte va

La main l’agite dans tous les sens

Toutes les nuits cherchant l’ouverture

Comme l’acteur sur le plateau

Qui se confronte à Alceste ou Galilée.





Indésirable ou désirable le texte coule

Il passe il ne fait que passer

Dans l’encre et dans cette plume

Qui se perd dans sa page

Ou bien saisit l’occasion

d’une trouvaille inespérée.





Cette nuit c’est repos et répit

Les fantômes se lassent de tourmenter

la personne écrivant

qui ne revendique pas l’ « être »,

mais le passage,

d’un texte à l’autre,

ouvrant ainsi son singulier chemin.





24/01/2021