J’Y VOIS DES ÉCRITURES MOUVANTES

J’y vois
des écritures
mouvantes
des visages
des regards
mystérieux
des étoffes
aussi 
où se lover
s’emmitoufler

et des couleurs
des couleurs
en gerbes
en guirlandes
en frises
une déclinaison
proche du bonheur

J’y vois aussi
Une trace
Une manière
de réécrire
sa douleur
en couleurs
inscrites
dans un tableau

Danielle Nabonne
27/08/2023

Un tableau 50x70
Fait avec des acryliques
Des « hypnographies »
Et des collages de dessins noirs
Avec une branche dorée

Titre : cien años de soledad

Dorio 30/12/2017



JE VOIS LES YEUX FERMÉS

Je vois sous l’arc-en-ciel une pièce de neige et d’or

Je vois l’ogre qui gîte juste au-dessus de ma maison

Je vois Gertrude Stein devant un fil de fer

tordu par Calder qui me regarde fixement

Je vois les noms de fleurs des continents

les suppléments aux voyages du siècle des Lumières

Je vois mes deux amandiers des Martigues

qui me transportent vers l’Arles de Vincent

Je vois mes yeux qui sont poissons

de l’Arize ma modeste rivière

jusqu’aux sources de l’Orénoque

que Colomb prit pour Paradis

Je vois mes dents qui sont serpents

Et qui avalent toutes mes peurs

Avec la plume des ancêtres

et les Esprits du grand Cosmos

Je vois ma bouche qui est un rêve

De lune rouge et d’étoile de mer

Je vois mon cœur qui chante l’invisible

Monté sur un cheval sous les nuages noirs

Et je vois mon image qui balaie tout cela

le cœur les dents la bouche sur ce papier

qui rend visible le mystère des masques

et l’énergie de l’Art…

je vois le mystère des masques et l’énergie de l’art

CE QUE C’EST QUE DE VOIR

JE VOIS CE QUE TU NE VOIS PAS

Je vois le soleil de nuit dansant la sardane sur un mur de Miró

Je vois le couloir entre la cuisine où nous vivions et…l’étable des vaches

Je vois le corridor et ses carreaux à fleurs bleues entrelacées

où je jouais au palet à la marelle et à tous les jeux de Rabelais

Je vois le bateau et la neige et la fleur de souci

les beaux vers et que sais-je l’estragon de la nuit

l’attente des nénuphars quand Monet prend le frais

le cri des canotiers Pulchérie! Népomucène! 

Je vois et n’y vois goutte

mes poches sont trouées

et nul frou-frou au ciel  

Je vois le père Prévert sous l’œil de son copain Doisneau

avec son ballon de rouge et son toutou à ses pieds

sur le quai Saint Bernard près de la Seine 

Je vois Sainte Victoire

Ligne incertaine

Vague chapeau de gendarme

Morceau de craie 

Je vois des vaches s’envoler de leurs prés

changées en vautours ou en chevaux légers  

Et c’est l’homme de maïs de Miguel Angel Asturias

qui approche et me dit titubant :

            – Hermano tu es cette fleur jaune

              dans le va-et-vient du temps. 

je vois Mathis (7 ans) et Jean Jacques (77 ans) faire danser leurs personnages noirs

JE VOIS DES MOTS

Je vois des mots

La nuit sans plume

et sans papier

Puis je les perds

C’est la loi quand on dort





Je vois des morts

leur corps sans lèvres

et sans aurores

J’entends leurs voix

C’est la loi quand on rêve





Je vois des fleurs

Des roses et des immortelles

Belles très belles

Mon cœur soupire

Ce ne sont que fleurs de rhétorique









figure de sable
Fos sur Mer
11/03/2020


VOIR DANS LA NUIT

 

Voir dans la nuit
fiévreusement
sans cohérence
l’image naît
 
voir dans la nuit
figurez-vous
ce nyctalope
athée taton-
nant le néant
 
voir dans la nuit
maman j’ai mal
mais non trésor
c’est dans la tête
un cauchemar
 
voir dans la nuit
un exutoire
ah quelle histoire
ce corps d’un texte
table tournante
comme à Jersey
œil ou cercueil
du père Hugo
 
voir dans la nuit
bouillonnement
tout se répond
dans ces écrits
de pure perte
mais fabuleux
 
voir dans la nuit
les yeux fermés